Bourse : pourquoi faut-il miser sur les sociétés de services du numérique ?
En Bourse, les sociétés de services du numérique devraient rebondir de 1% porté par le développement du cloud et de la cybersécurité. Nos conseils.

Parmi les valeurs technologiques en Bourse, les sociétés de services du numérique n’ont pas été épargnées par la crise sanitaire, même si son impact n’est en rien comparable à celui subi par de nombreux secteurs (tourisme, énergie, transport…). Selon le syndicat professionnel Syntec Numérique, le chiffre d’affaires des ESN (entreprises de services du numérique) a baissé de 4,2 % l’an dernier, et il pourrait rebondir de 1 % cette année, porté par le développement du cloud et de la cybersécurité, mais aussi par la nécessité pour les entreprises d’accélérer leur transformation numérique et d’optimiser leur structure de coûts.
Des records en Bourse pour Capgemini
La cote parisienne compte de nombreux acteurs, de toute taille. Le premier d’entre eux, Capgemini, bat des records en Bourse. Le groupe occupe une place à part dans le paysage des sociétés du numérique depuis l’acquisition de la société de conseil en technologies Altran l’an dernier. Le calendrier ne s’est pas avéré a posteriori très opportun, les clients historiques de la recherche et développement externalisée (les industries aéronautique et automobile) comptant parmi les plus touchés par la crise sanitaire.
Mais l’intégration d’Altran se déroule bien et des offres commerciales communes ont déjà été lancées, avec succès semble-t-il. Les domaines de développement du groupe se sont élargis, ils vont de l’hébergement à distance (cloud), au traitement des données et à l’intelligence artificielle, en passant désormais par la 5G ou la voiture électrique ou autonome. Ce rapprochement entre l’informatique et l’ingénierie séduit, au point que les marchés anticipent un relèvement des objectifs de Capgemini à moyen terme, à savoir une marge opérationnelle de 12,5 à 13 % et une croissance organique de 5 à 7 %.
Des doutes sur Atos
La stratégie d’Atos, le grand concurrent hexagonal, suscite plus de questions. Son projet d’acquérir la société américaine DXC Technology, avant qu’il y renonce, n’avait pas été compris. Les marchés se sont interrogés sur l’intérêt stratégique de l’opération, inquiets du montant de la transaction – plus de 10 milliards de dollars –, et ont émis des doutes sur la santé opérationnelle de la cible. Cette initiative a d’autant plus surpris que la priorité était donnée à la croissance organique et à des acquisitions ciblées (dix ont été réalisées l’an dernier) sur des segments à forte valeur ajoutée comme la cybersécurité. Alors que le groupe a plutôt bien traversé la crise, avec un repli organique des ventes limité entre 2 et 4 % et des prises de commandes importantes, le titre est délaissé par les marchés.
Steria sur la voie de la reconquête
La troisième ESN cotée, Sopra Steria, a vécu une année 2020 chahutée. En effet, son exposition au secteur aéronautique et une cyberattaque importante subie cet automne, bien que rapidement bloquée par les équipes de cybersécurité interne et sans dommage pour les clients, l’ont pénalisée. De plus, sa forte présence au Royaume-Uni, qui représente 17 % de ses facturations, suscitait des inquiétudes en raison de l’enlisement des négociations sur le Brexit. Ces événements étant derrière lui, le groupe compte retrouver dès cette année le chemin de la croissance interne et, grâce à l’acquisition de Sodifrance réalisée l’an dernier, ses niveaux de performances d’avant la crise. Sa reconquête des marchés est en marche.
Parmi les nombreux acteurs de taille moyenne du secteur, souvent encore dirigés par leurs fondateurs, nous en avons sélectionné cinq au profil différent. Aubay a démontré une belle capacité de résistance l’an dernier, avec un chiffre d’affaires de 426,4 millions d’euros (en hausse de 2,1 % et en repli de 1,5 % en données organiques) et une marge opérationnelle de 9,6 %. De bon augure pour l’exercice en cours pour lequel la société prévoit des revenus compris entre 440 et 450 millions et une rentabilité opérationnelle de 9,5 à 10,5 %. Elle bénéfice d’une structure financière solide, et a versé un dividende en hausse régulière depuis son introduction en Bourse en 2002. Un fait rare.
Les deux fondateurs de Devoteam, les frères Bentzmann, souhaitaient retirer leur groupe de la cote. Mais leur offre, initiée avec le fonds d’investissement américain KKR, ne leur a permis de détenir que 80 % du capital. L’aventure en Bourse continue donc pour la SSII qui possède de nombreux atouts : un positionnement dans des domaines porteurs comme le cloud, le digital, la cybersécurité et l’intelligence artificielle, une rentabilité parmi les plus élevées du secteur (10,4 % en 2019) et une belle trésorerie pour réaliser des acquisitions ciblées.
Neurones ou la belle résilience
Plus discrète en Bourse, Neurones possède pourtant un historique de croissance remarquable (+ 9 % par an en moyenne sur la période 2010-2019). Même si la progression du chiffre d’affaires (+ 2,6 %) est inférieure en 2020, le groupe a fait preuve d’une belle résilience. La raison : ses prestations couvrent un large spectre des besoins des entreprises et son activité comprend une forte proportion de contrats récurrents. Le fondateur de la société, Luc de Chammard, qui l’a créée en 1984, est toujours aux commandes. Le problème de sa succession se posera tôt ou tard comme pour d’autres SSII d’ailleurs (Infotel, Aubay…).
Infotel : du potentiel
Infotel concentre un florilège des caractéristiques des entreprises de service numérique : une certaine solidité face à un environnement défavorable (le chiffre d’affaires s’est replié de 5,3 % en données constantes en 2020), une trésorerie importante (près de 30 % de la capitalisation boursière) et des fondateurs toujours à la manœuvre. La société se montre confiante pour 2021 grâce à la consolidation de ses positions chez ses clients et à de nouveaux référencements.
Des ambitions marquées pour Sword
Enfin, Sword présente un profil atypique. Le groupe n’est pratiquement plus présent en France après avoir cédé ses activités de services hexagonales l’an dernier. Il possède en revanche des positions fortes auprès des institutions européennes, un carnet de commandes étoffé lui offrant une belle visibilité (un an et demi de chiffre d’affaires), une capacité à délivrer de la croissance organique en toutes circonstances (+ 9,2 % en 2020) et un beau trésor de guerre (105,8 millions d’euros à la fin de décembre). Ses objectifs de développement sur la période 2021-2024 restent ambitieux.
Des niveaux de valorisation homogènes, à l’exception d’Atos
Valeur | Code ISIN | Variation 1 an | PER 2021 (1) | Rendement 2020 | Limite d’achat |
Atos | FR0000051732 | -18,20% | 8,9 | + 1,80 % | 65,00 € |
Aubay | FR0000063737 | +22,00 % | 18,1 | + 1,90 % | 36,00 € |
Capgemini | FR0000125338 | +17,20 % | 18,2 | + 1,30 % | 130,00 € |
Devoteam | FR0000073793 | +12,00 % | 19,4 | + 0,90 % | 98,00 € |
Infotel | FR0000071797 | +1,70 % | 18,5 | + 3,00 % | 40,00 € |
Neurones | FR0004050250 | +10,30 % | 18,6 | + 0,60 % | 24,00 € |
Sopra Steria | FR0000050809 | – 2,40 % | 14,4 | + 1,00 % | 134,00 € |
Sword | FR0004180578 | – 5,40 % | 23,0 | 8,6 % (2) | 33,00 € |