Quel impact du covid-19 sur l’épargne investie en assurance vie ?
Les Français détenteurs d'un contrat d'assurance vie ont-ils à s’inquiéter pour leur épargne ? Une partie des sommes est soumise aux fluctuations de la Bourse, y-a-t-il donc un risque avec la crise financière actuelle ? Eléments de réponse avec Arthur Chabrol, directeur général délégué et directeur de l’excellence technique vie chez Aviva.

Pour mieux comprendre comment le placement en "assurance vie", plébiscité par de nombreux Français, se maintient face à la crise financière actuelle, nous nous sommes entretenus avec Arthur Chabrol, directeur général délégué et directeur de l’excellence technique vie chez Aviva, près de trois semaines après le début du confinement.
Une inquiétude mesurée face à une crise hors norme
Tous les experts s’accordent pour dire que la crise sanitaire et ses conséquences sur les marchés financiers est « inédite ».
En quelques semaines, les places boursières mondiales ont perdu l’équivalent de douze années de croissance.
Le CAC 40, notamment, a chuté de près de 30% en mars, passant sous la barre des 4000 points plusieurs fois. Soit deux mille points de baisse en quelques jours. C’est tout simplement une situation exceptionnelle pour beaucoup.
C’est aussi le constat d’Arthur Chabrol, directeur général délégué et directeur de l’excellence technique vie chez Aviva « Nous sommes rentrés dans un contexte inédit, en premier lieu, nous avons assisté à un mouvement de panique, ce qui a eu une incidence sur la montée des primes de risques sur la zone euro. Dans un deuxième temps, des annonces de grande ampleur par les politiques, en faveur des marchés d’actions, ont eu comme conséquence un rebond sur les marchés qui se sont, pour le moment, stabilisés », tient-il à préciser.
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L’assurance vie un placement plébiscité, sans risque ?
Le marché de l’assurance vie, en France, a connu une année 2019 marquée par une forte accélération de la collecte avec près de 26 milliards d’euros, selon des chiffres publiés en janvier 2020 par la fédération du secteur.
Une partie des sommes investies en assurance vie sont placées en actions, d’où un risque de perdre du capital. La chute de la Bourse peut-elle donc affecter l’assurance vie ? C’est la question que se sont posés de nombreux épargnants ces dernières semaines.
A ce sujet, le spécialiste indique « chez Aviva, nous avons veillé à transmettre les bonnes informations à notre réseau de distribution. Ce sont eux qui sont en contact direct avec nos clients. Nous avons constaté beaucoup plus de volumes en demandes d’arbitrages. Il a fallu avant tout transmettre les bons conseils ».
Une collecte forte selon les supports
En tout cas, les Français continuent à privilégier l’assurance vie, et notamment les unités de compte, qui ont représenté 36% des versements au cours des deux premiers mois de 2020, selon une étude publiée en mars dernier par la Fédération française de l’assurance.
Arthur Chabrol précise d’ailleurs que « les fonds en euros, chez Aviva, sont à un niveau inférieur à celui de mars 2019. Pour les arbitrages en unités de compte, les demandes concernaient principalement certains supports. En premier lieu, l’immobilier, notamment via des véhicules ouverts comme les OPCI (Organisme de Placement Collectif en Immobilier). Ce sont principalement ces supports qui ont fortement collecté ».
Chez Aviva, on assiste toutefois à une baisse de 35% de la production en assurance vie depuis le début du confinement. « Nous étions en baisse de 7% en février dernier, versus février 2019 » explique Arthur Chabrol.
Au final, pour de nombreux professionnels, l’un des conseils les plus prudents pour les épargnants ne serait-il pas le maintien de la valeur de leur capital au travers des fonds en euros, quitte à sacrifier un peu la performance ? C’est en tout cas le constat actuel, en attendant de savoir quelle sera la sortie de crise après la fin du confinement…