Le crowdlending dans la tourmente : ce à quoi doivent faire attention les prêteurs particuliers
Rentabilité proche de zéro, mauvaises pratiques… Le crowdlending n’a plus rien de l’eldorado pour les petits prêteurs particuliers. Voici pourquoi.

Le financement participatif sous forme de prêts a récemment connu une succession de mauvaises nouvelles. En octobre, l’une des plus importantes plates-formes de prêts aux PME en France, Unilend, a été placée en liquidation judiciaire. Ses 15 000 prêteurs actifs, à 98 % des particuliers, peuvent s’inquiéter pour leur mise ! Si, en théorie, ils doivent être remboursés grâce à un plan de continuité établi avec le prestataire de paiements d’Unilend, la SFPMEI, dans la pratique, les emprunteurs pourraient être tentés de ne pas honorer leurs dettes. Les plates-formes sont aujourd’hui confrontées à une pénurie d’emprunteurs de qualité. « Les dossiers à financer se font rares, à tel point qu’ils ne restent que quelques heures en ligne avant de trouver preneur », commente Mathieu George, fondateur du blog Crowdlending.fr.
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Ce qui n’empêche pas les volumes prêtés dans la finance participative d’être en forte progression : 139 millions d’euros ont été collectés au premier semestre 2018, soit un bond de 76 % par rapport aux six premiers mois de 2017, d’après Financement Participatif France, l’association des professionnels du crowdfunding. Une situation qui inciterait les plates-formes à se montrer moins exigeantes sur la qualité des entreprises à financer.
D’énormes écarts de taux entre les acteurs
Au début de novembre, l’UFC-Que Choisir a tiré la sonnette d’alarme sur leurs mauvaises pratiques persistantes. Ainsi, leur taux de défaut (proportion de non-remboursements) a progressé de 120 % en seulement dix-huit mois, pour s’élever en octobre à une moyenne de 9,5 % ! De gros écarts existent entre les acteurs : 18,3 % pour Lendopolis contre 7,1 % pour Lendix, renommé October depuis peu. Conséquence : la rentabilité nette du crowdlending serait en chute libre. Elle se rapprocherait aujourd’hui de 0 % en tenant compte de la fiscalité, toujours selon l’association de consommateurs. Cette dernière alerte sur un autre abus : les plates-formes promettent des rendements bien supérieurs à ceux réellement obtenus, minimisant les risques.
Des attaques que conteste Stéphanie Savel, présidente de Financement Participatif France : « Moins de 5 % des dossiers reçus font aujourd’hui l’objet d’un financement participatif, notre sélectivité est importante. Il ne faut pas jeter le discrédit sur l’ensemble d’un secteur à partir de mauvais postulats. » Mais les particuliers doivent garder à l’esprit que ce type d’investissement est loin d’être garanti. La diversification des prêts et des plates-formes où investir reste encore le meilleur moyen pour réduire le risque.