Bon démarrage en Bourse pour la FDJ mais cela va-t-il durer?
Ce lundi, l'action FDJ se repliait afin de reprendre son souffle après une entrée en Bourse en fanfare le jeudi 21 novembre. Cette correction ramène la valorisation de l'entreprise vers des niveaux plus raisonnables. Au vu de son potentiel de croissance, le titre demeure cher.

Interrogé sur la privatisation de la FDJ, Stéphane Boujnah, le patron d’Euronext évoque ‘un triomphe’ : un cours en hausse de plus de 16 % pour sa première journée de cotation. Même si le soufflé est un peu retombé depuis, avec le lundi 25 novembre un repli de 4,19 % à 21,75 euros. Ceux qui ont vendu ce jour-là récoltent une plus value d’environ 9 % en moins de trois séances. L’opération montre aussi qu’une privatisation rondement menée peut drainer une partie de l’épargne populaire et garnir les caisses de l’état de deux milliards d’euros.
Reste à savoir si ce triomphe durera. Car, le titre affiche encore une valorisation extrêmement élevée : le Price Earning Ratio ou rapport cours/bénéfices ressort au-dessus de 26. Or, comme le rappelle Maxime Chipoy, chez Moneyvox, « celui de Kering n’est que de 21, alors que le géant du luxe affiche un historique de cours et de croissance plus ancien ». Et de citer des études qui avancent un PER plus raisonnable entre 14 et 15. Avant d’enfoncer le clou : « Même l’opérateur grec Opap ne se paie pas aussi cher : le bureau d’analyses Alphavalue livre un PER de 14 ».
Les actions gratuites
La liquidation mensuelle de vendredi prochain entraînera-t-elle des ventes massives ? Un risque « peu probable » pour Vincent Boy, chez IG. « La FDJ a tout pour séduire les investisseurs de long terme comme les investisseurs institutionnels qui savent jouer la durée ». Les particuliers sauront-ils patienter dix-huit mois pour toucher leurs actions gratuites ? Cette carotte résistera-t-elle si une correction boursière se produit d’ici-là ? « Ceux qui ont acheté avec la décote bénéficieront d’un rendement annuel de 3,2 %. Il tombe autour de 2 % pour les titres acquis ou rachetés depuis la première cotation » poursuit-il.
Le pari des jeux en ligne
Cette valorisation se justifierait avec des relais de croissance susceptibles de doper son cours. « A l’international, l’entreprise ne peut récupérer que des participations minoritaires dans des pays qui pourraient confier le pilotage de ces activités à un ou des opérateurs de souche, confie un analyste. Le potentiel de la vente de services ou de technologies est réel mais pas extraordinaire ». Dans le sport, FDJ arrive sur un marché concurrentiel. Un seul pari semble trouver grâce aux yeux de Vincent Goy : les jeux en ligne qui « permettent de réduire la commission des détaillants, le plus gros coût de la FDJ » avec 700 millions reversés en 2018. Maxime Chipoy voit dans ces ambitions « une contradiction avec la volonté de reverser 80 % des futurs résultats ». Un autre gérant, redoute une réédition des déboires du cours d’EDF, plombé par sa générosité et de lourds investissements…
ISR compatible?
Reste un dernier risque : les jeux d’argent sont-ils compatible avec l’investissement ISR ? La réponse dépasse la morale puisque d’une part, les règles des placements éthiques ou responsables proscrivent les jeux de hasard, et d’autre part qu’elles se durcissent. D’où les craintes de Maxime Chipoy et Vincent Goy que les grands fonds anglo-saxons ne boycottent la FDJ pour respecter leurs obligations réglementaires.