Bourse: ces 10 actions peuvent tirer leur épingle du jeu en 2020
Si le CAC 40 a réalisé en 2019 une année record, la progression des marchés boursiers s’est déconnectée des fondamentaux économiques. Quelle stratégie adopter pour 2020 ? Nos conseils.

Avec une hausse de près de 23 % sur l’année 2019, le CAC 40 a réalisé sa meilleure performance depuis dix ans, dans le sillage de la plupart des grandes places financières internationales (+ 20 % pour le Dow Jones à Wall Street). Il faut remonter à 2009 pour retrouver une progression annuelle comparable (+ 22,4 %) et à l’été 2007 pour voir l’indice parisien revenir au contact des 6 000 points.
De quoi faire oublier le triste millésime 2018, entaché par les craintes liées à la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine et au Brexit, mais aussi et surtout par le risque de remontée des taux directeurs des banques centrales. Depuis un an, les inquiétudes sur les discordes sino-américaines et sur le devenir du Royaume-Uni n’ont pas été totalement évacuées mais dans les deux cas, le scénario du pire a probablement été évité. Quant aux grands argentiers, ils ont changé leur fusil d’épaule en revenant à une politique monétaire plus accommodante qui satisfait pleinement les investisseurs.
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Reste que la progression des marchés boursiers s’est déconnectée des fondamentaux économiques. Si les Etats-Unis font encore bonne figure avec un taux de chômage historiquement faible et une croissance toujours dynamique, tel n’est pas le cas de l’Europe, où l’Allemagne vient d’éviter de justesse la récession au troisième trimestre, ni même de la Chine, où la croissance du PIB devrait retomber cette année à son plus bas niveau depuis 1990. Le principal moteur des actions a été leur rendement élevé, de l’ordre de 3,4 % en France sur la base des dividendes distribués en 2019, ce qui les rend attractives dans un univers de taux d’intérêt bas. Ainsi, à titre de comparaison, les emprunts d’Etat français à 10 ans ne rapportent plus rien.
Les banques centrales toujours déterminantes
Il est intéressant de noter que l’année boursière 2019 a été faste à la fois pour les valeurs cycliques comme Michelin, Saint-Gobain, Schneider Electric ou STMicroelectronics, et pour les valeurs de croissance telles Airbus, EssilorLuxottica, Hermès ou LVMH. Malgré une rentabilité mise à mal par la faiblesse des taux d’intérêt, les banques et assurances ont aussi retrouvé des couleurs, à l’image d’Axa, de BNP Paribas ou du Crédit Agricole.
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Dans ce contexte, notre sélection d’actions pour 2019a particulièrement bien performé puisqu’elle s’adjuge en moyenne 29,9 %, soit 7 points de plus que le CAC 40, portée par les parcours exceptionnels de titres comme Dassault Systèmes (+ 41 %), Kering (+ 45 %) ou Spie (+ 81 %). La seule déception concerne le réassureur Scor, dont la légère baisse du titre a toutefois été compensée par un dividende généreux.
Qu’en sera-t-il pour 2020 ? Il semble forcément difficile de reproduire de tels résultats. Tout va dépendre de l’évolution des relations commerciales entre la Chine et les Etats-Unis, susceptibles d’être influencées par l’élection présidentielle américaine, en novembre prochain, mais aussi de l’attitude des banques centrales qui devront rester bienveillantes. Sans oublier, bien sûr, les performances des entreprises pour lesquelles les attentes en 2020 peuvent paraître un peu trop élevées. Voici dix nouvelles valeurs susceptibles de tirer leur épingle du jeu.
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Les valeurs de croissance de 2020
Peu sensibles au contexte économique, les sociétés de croissance sont souvent portées par des tendances structurelles positives comme l’expansion du trafic aérien pour l’aéronautique ou l’essor des classes moyennes et supérieures dans les pays émergents pour le luxe. Elles offrent une bonne visibilité et sont bien valorisées.
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Danone
Le géant français de l’agroalimentaire souhaite « apporter la santé par l’alimentation au plus grand nombre ». Sa stratégie consiste donc à innover et à s’adapter aux nouveaux modes de consommation à la fois dans les produits laitiers, l’eau, ainsi que la nutrition infantile et médicale. La performance du troisième trimestre 2019 a un peu déçu, notamment pour les produits laitiers et l’eau, mais le groupe ambitionne de renouer avec une croissance organique de son chiffre d’affaires supérieure à 4 % dès 2020. Quant à la rentabilité déjà élevée (la marge opérationnelle courante dépasse 15 %), elle demeure perfectible grâce à la poursuite du plan d’économies « Protein ». Le profil défensif des marchés du groupe devrait rester recherché si l’activité économique mondiale continuait de ralentir.
Orpea
On ne change pas un business model gagnant fondé sur le déploiement, à l’échelle mondiale, d’un portefeuille d’établissements de 80 500 lits destinés à accueillir les personnes dépendantes, développé grâce au levier de la dette. Le groupe profite de conditions très attractives sur les taux pour se financer à bon compte et revaloriser son patrimoine d’actifs estimé à 5,96 milliards d’euros (détenu en propre à 48 %). Les perspectives de chiffre d’affaires du dernier exercice ont été relevées à 3,73 milliards et le niveau de marge devrait être au moins équivalent à celui de l’an dernier. Doté d’un réservoir de 17 000 lits en construction, le groupe offre une excellente visibilité à moyen terme et devrait continuer de délivrer entre 8 et 10 % de croissance de son chiffre d’affaires chaque année.
Rémy Cointreau
Le groupe familial de spiritueux, bien connu pour sa maison de cognac Rémy Martin et sa marque Cointreau, a commencé son exercice 2019-2020 au ralenti en raison de la chute du tourisme à Hongkong, d’une lente reconstitution des stocks des détaillants de cognac aux Etats-Unis après les récentes hausses de prix pratiquées dans le secteur et de l’arrêt de contrats de distribution de marques partenaires. La deuxième partie de l’exercice se présente beaucoup plus favorablement au regard d’une demande toujours forte en provenance de Chine continentale où les ventes continuent de progresser à un rythme à deux chiffres. La stratégie de montée en gamme consistant à réaliser à terme 60 à 65 % du chiffre d’affaires avec des spiritueux d’exception (plus de 50 dollars la bouteille) va continuer de porter ses fruits.
Les valeurs de rendement
Dans un univers de taux d’intérêt très bas, les valeurs de rendement deviennent particulièrement recherchées. Elles sont en effet capables de verser un dividende assurant une belle rémunération aux actionnaires. Il convient toutefois de vérifier le caractère pérenne de cette redistribution à la lecture du bilan.
Coface
Le spécialiste de l’assurance-crédit pour les entreprises a fait preuve d’une bonne résistance face à la dégradation de la conjoncture grâce à sa capacité à gagner des affaires nouvelles. Son ratio combiné, qui mesure le rapport entre les sommes décaissées et les primes encaissées, s’est même amélioré de 2,3 points sur les neuf premiers mois de 2019, à 76,8 %, tandis que le bénéfice a progressé dans le même temps de 19 %. Du coup, les objectifs fixés dans le cadre du plan « Fit to Win » seront atteints plus tôt que prévu. Au-delà de sa faible valorisation (10 fois les bénéfices attendus pour 2019), le dossier est intéressant pour son rendement estimé à plus de 5 % pour 2020. A cela s’ajoute une dimension spéculative liée à la possibilité d’une vente, par Natixis, de sa participation de 42 % au capital.
Française des Jeux
La privatisation de la Française des Jeux (FDJ) a été un succès puisqu’elle a séduit quelque 505.000 actionnaires individuels. Il faut dire que le groupe spécialisé dans la loterie, les jeux de grattage et les paris sportifs a de quoi séduire. Chaque année, les mises des joueurs progressent en moyenne de plus de 5 %, permettant une hausse au moins comparable des résultats financiers.
Pour capter tout le potentiel de son marché, la FDJ s’est fixée pour stratégie d’atteindre rapidement un objectif de 20 % de mises numérisées, d’accélérer sur le segment des paris sportifs et à l’international. Avec un modèle économique à forte visibilité et rentable (19 % de marge brute d’exploitation), la société peut se permettre de redistribuer chaque année 80 % de ses bénéfices aux actionnaires sous forme de dividendes.
GTT
En situation de quasi-monopole, ce leader mondial des systèmes de confinement cryogénique à membranes, utilisés pour le transport et le stockage de gaz naturel liquéfié, profite de la montée en puissance de cette énergie propre. Son carnet de commandes record de 120 unités à la fin de septembre représente un chiffre d’affaires de l’ordre de 660 millions d’euros à délivrer sur les deux à trois prochaines années. La visibilité sur l’activité est donc excellente et le niveau de rentabilité après impôt – supérieure à 50 % –, très élevé. Peu mobilisateur de capitaux, le métier d’ingénierie de GTT lui permet de disposer d’une trésorerie nette pléthorique de près de 200 millions d’euros et de mener une politique de distribution très généreuse consistant à reverser aux actionnaires plus de 80 % des profits.
Les valeurs cycliques
Les sociétés cycliques sont impactées positivement ou négativement par la conjoncture économique mondiale, elle-même dépendante des décisions politiques, comme on l’a vu en 2019 avec la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine. Ces sociétés ont des performances moins régulières mais sont peu chères.
Atos
Cet acteur mondial de la transformation digitale des entreprises a rassuré au troisième trimestre 2019 en faisant état d’une accélération de la croissance organique de son chiffre d’affaires (+ 1,8 %) grâce à l’inversion de tendance dans l’infogérance aux Etats-Unis et à la montée en puissance du pôle de traitement des données et de la cybersécurité. Avec un carnet de commandes de 21,2 milliards d’euros à la fin de septembre, correspondant à deux ans d’activité, le groupe offre une bonne visibilité. Sa sortie du capital de son ex-filiale de services de paiement, Worldline, devrait lui redonner les moyens financiers d’accélérer son redéploiement sur les métiers les plus porteurs du digital et de la protection des données. A 8,8 et 8,1 fois les profits attendus pour 2019 et 2020, le titre n’est pas cher.
JCDecaux
Pénalisé par la crise à Hongkong et par une baisse de la publicité dans le métro en Chine continentale, ce leader mondial de la communication extérieure a prévu une décroissance organique de 2 % de son chiffre d’affaires sur les trois derniers mois de 2019. La perspective d’un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis devrait faciliter la stabilisation de la conjoncture dans l’empire du Milieu et permettre un redémarrage des revenus du groupe en 2020. Une bonne partie des mauvaises nouvelles semble intégrée dans le cours de Bourse. Celui-ci affiche une décote importante par rapport à un ratio moyen de 27,7 fois les profits observés sur la période 2012-2018. L’annonce d’une opération d’acquisition structurante aux Etats-Unis est envisageable et serait bien accueillie par les marchés.
Peugeot SA
Au-delà des évolutions du marché automobile mondial et de la reprise en main de son positionnement en Chine, le constructeur joue gros avec son projet de fusion avec Fiat Chrysler Automobiles (FCA). Un pari risqué puisque l’intégration de deux groupes aussi importants n’ira pas de soi. Mais le jeu peut en valoir la chandelle au regard des synergies attendues (3,7 milliards d’euros d’ici à 2025) et de la possibilité de créer le numéro quatre mondial du secteur avec 8,7 millions de voitures vendues chaque année et une présence forte en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Toutefois, même sans FCA, Peugeot présente des atouts encore mal valorisés en Bourse.
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Saint-Gobain
Bien décidé à retrouver les faveurs des investisseurs, ce leader mondial des matériaux pour l’habitat s’est réorganisé en profondeur et s’est recentré sur ses métiers les plus porteurs et les plus rentables. Il a ainsi cédé pour l’équivalent de 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires et a décidé de poursuivre son programme d’arbitrage. Celui-ci devrait mécaniquement améliorer d’au moins 0,4 point la marge d’exploitation en année pleine. Parallèlement, le plan d’économies de 250 millions d’euros supplémentaires se met en place plus rapidement que prévu. De quoi permettre au titre de poursuivre son rattrapage. Il reste bon marché avec une capitalisation boursière à peine supérieure aux fonds propres, un multiple de 10 fois les profits (contre un ratio moyen de 16,5 fois) et un rendement attractif, proche de 4 %.