Se connecter S’abonner

Bourse : l’année 2020, une des pires en matière de dividendes

La crise actuelle se caractérise par un nombre sans précédent de coupe de dividendes pour les « dividend aristocrats », ces sociétés qui parviennent à maintenir ou à augmenter leur dividende année après année quelle que soit la conjoncture. En cause, la nature même de la crise.

risque bourse marchés financiers AMF
Crédit: iStock.

Les assemblées générales des grands groupes ayant eu lieu, il est possible d’établir un bilan sur la distribution des dividendes en 2020 au titre de l’exercice précédent. Selon Mandarine Gestion, dans sa lettre mensuelle, la question est tranchée : « 2020 restera comme l’une des pires années en termes d’évolution des dividendes distribués ».

Et à ce titre, « la France est un exemple emblématique avec pas moins de deux-tiers des sociétés du CAC 40 réduisant ou supprimant leur versement annuel ».

Si en temps de crise, il est normal de réduire le dividende, les experts de Mandarine Gestion notent une particularité pour la crise que nous traversons : « le nombre sans précédent de coupe de dividendes pour les « dividend aristocrats » ». On appelle communément sous cette appellation les sociétés qui parviennent à maintenir ou à augmenter leur dividende chaque année quelle que soit la conjoncture.

Deux groupes emblématiques de cette « caste » ont par exemple mis fin cette année à la croissance ininterrompue de leur dividende : LVMH (après plus de 25 ans de hausse) et Royal Dutch Shell (dont le début remontait à la seconde guerre mondiale).

Or les groupes appartenant à la famille des « dividend aristocrats » ont des activités moins cycliques que les valeurs à haut rendement (qui ont en général des activités cycliques et/ou des bilans tendus) et possèdent des structures bilantielles plus solides que la moyenne.

Des différences de traitement dans un même secteur

Si certaines de ces sociétés n’ont fait que reporter à la fin de l’année le versement de leur dividende, se laissant le temps de juger de l’impact de la crise sur leurs résultats, le constat pour les experts de Mandarine Gestion est néanmoins éloquent : « 40% des sociétés appartenant à cette famille restreinte des « dividend aristocrats » ont réduit ou suspendu leur dividende cette année, alors que lors de la crise de 2008/2009 elles n’étaient que 17% ».

En cause, « la nature particulière de la crise actuelle liée à la pandémie de Covid-19 ». La capacité de résilience des groupes ne s’est pas mesurée « à la nature cyclique ou défensive de leur activité » font-ils remarquer, mais elle a tenu à leur capacité « à rester ouverte pendant la crise ».

D’où les différences constatées dans un même secteur, comme par exemple dans le secteur de la santé entre Novartis, Roche ou Sanofi qui ont accru leur dividende et EssilorLuxottica ou son concurrent allemand Fielmann, qui ont annulé les leurs.

De la même manière, dans le secteur alimentaire, on peut citer Danone et Nestlé d’un côté, et Compass de l’autre.

A LIRE>>> Pour Florian Allain, « la thématique du rendement reste une option attrayante en Bourse »

La question est de savoir quel impact ces réductions ou suppressions de dividendes auront sur la valorisation des sociétés. Selon Mandarine Gestion, « de nombreuses  études académiques tendent à prouver que les investisseurs accordent une prime de valorisation aux sociétés faisant ainsi progresser année après année leur dividende ».

Auquel cas, la rupture de cette politique de progression régulière des dividendes pourrait se traduire pour les actionnaires de ces sociétés par une double peine.