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Epargne : les institutions se mobilisent face à la recrudescence d’offres frauduleuses

Avec la crise sanitaire, les tentatives d’escroquerie visant les épargnants et les investisseurs sont en hausse. Une majorité (97%) des Français jugent « important » le risque d’arnaques au placement, selon une étude.

AMF
Crédit : iStock.

Le préjudice global subi par les victimes d’escroqueries financières s’élèverait à 500 millions d’euros par an. Ce chiffre est publié le 13 décembre par le parquet de Paris dans un communiqué conjoint avec l’Autorité des marchés financiers (AMF), l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Le nombre de procédures serait relativement stable, mais certaines regroupent plusieurs centaines de victimes. « Les escroqueries financières visent un large spectre de faits frauduleux et un vaste public, qu’il s’agisse de fausses offres sur des produits financiers du quotidien, comme celles de rachat de crédit à la consommation (chaudière, panneaux solaires…), de propositions fictives d’investissement dans des places de parking ou des chambres d’EHPAD, ou de schémas de type pyramide de Ponzi », détaillent les institutions.

Ainsi, les offres frauduleuses d’investissement, d’épargne et de crédit pullulent avec la crise sanitaire. Selon les dossiers signalés à l’ACPR en 2021, les pertes engendrées par ces faux placements ou crédits sont de 72.000 euros en moyenne par victime concernant les livrets d’épargne et de 12.000 euros concernant les faux crédits. En 2020 et 2021, les escroqueries au trading sur le Forex et sur les cryptoactifs se sont intensifiées, après deux ans de calme. Les préjudices sont importants, « de l’ordre de 38.000 et 20.000 euros par épargnant respectivement, selon les déclarations des victimes auprès de l’AMF », précise encore le communiqué. Concernant les fausses offres d’investissement dans des places de parking d’aéroport, les pertes sont de plus de 50.000 euros par épargnant. Quant à celles qui proposent de faux investissements dans les chambres d’EHPAD, elles atteignent plus de 70.000 euros par victime.

Bannières publicitaires

Pourtant, les Français seraient avertis : selon une enquête BVA pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), 97% des personnes interrogées jugent que le risque d’arnaques au placement est « important », et plus de la moitié (51%) pense qu’il est « très important ». Toutefois, 64% d’entre elles estiment qu’il existe des placements non risqués plus rentables sur les livrets d’épargne, précise le communiqué. Les procédés utilisés par les escrocs sont bien huilés : bannières publicitaires sur Internet et sur les réseaux sociaux pour attirer les victimes, messages sur les applications mobiles, ou encore envoi d’e-mail. 

Lorsqu’un internaute clique sur une bannière, il reçoit un formulaire de contact et est rappelé par de faux conseillers, « décrits comme professionnels, disponibles et empathiques », résument les institutions. Après avoir investi une somme modeste, l’épargnant investit de plus grosses sommes, et lorsqu’il réclame ses fonds, le faux conseiller a disparu dans la nature. « Ce procédé se double, depuis deux ans, dans presque un cas sur deux, d’une ou plusieurs usurpations d’identité destinées à rendre les offres frauduleuses crédibles et à amoindrir la vigilance des futures victimes (utilisation frauduleuse du nom de produits ou de professionnels du secteur financier autorisés, de grands groupes ou de PME, de logos ou numéros d’enregistrement, etc.) », détaille encore le document. 

Des produits financiers vantés par les influenceurs

Une nouveauté est apparue ces deux dernières années : les réseaux sociaux et les influenceurs sont le nouveau point d’entrée des délinquants. Un public plus jeune et moins instruit est touché, notamment dans le domaine du trading, c’est-à-dire des cryptomonnaies et du Forex. La DGCCRF traite plusieurs dossiers démontrant que certaines pratiques commerciales en ligne sont trompeuses dans le domaine des services financiers et vantées parfois par des influenceurs. « Parmi les arnaques diffusées sur les réseaux sociaux, ciblant notamment des populations fragiles, l’ACPR attire l’attention du public sur un phénomène en plein essor : le développement d’offres frauduleuses de prêts entre particuliers créant la confusion avec l’activité régulée de financement participatif (« crowdfunding » ou « crowdlending ») », avertit encore le communiqué. 

L’ACPR et l’AMF rappellent que cinq listes noires sont disponibles en ligne sur le site Assurance banque épargne info service (www.abe-infoservice.fr). Désormais, elles comptent 3.500 adresses internet.