« 2023, le grand retour de l’allocation 60/40 »
Déclaré mort par certains observateurs il y a un an, le portefeuille 60/40, fait son grand retour en force, dans un contexte où les principes fondamentaux de l’investissement tiennent bon après une année de turbulences sur les marchés. Par John Bilton, responsable de la stratégie multi-assets globale chez J.P. Morgan Asset Management.

Les marchés connaissent aujourd’hui un changement de régime. Alors que le début de la décennie a été marqué par une pandémie dévastatrice, à l’origine d’une récession, courte mais sévère, qui a déstabilisé les chaînes d’approvisionnement mondiales, les dépenses généreuses des gouvernements, associées à une politique monétaire exceptionnellement accommodante, ont poussé l’inflation à des sommets inégalés depuis 40 ans. Celles-ci, encore intensifiées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les nouvelles perturbations d’approvisionnement engendrées, ont conduit les banques centrales, la Fed en tête, à resserrer activement leurs politiques monétaires, provoquant ainsi le pire repli des obligations d’État depuis plus de 30 ans.
Nous sommes ainsi passées d’un monde de faible inflation et de conditions financières favorables à un environnement de marché mêlant inflation et taux élevés. Et bien que toujours exposés à des épisodes de volatilité sur les marchés, ces crises en cascade pourraient avoir créé les meilleures opportunités d’investissement à long terme que nous ayons observé depuis de nombreuses années.
Turbulences
En effet, après une année 2022 compliquée par de nombreuses turbulences, les principes fondamentaux de l’investissement se révèlent aujourd’hui plus pertinents que jamais. L’allocation 60/40 (actions/obligations), particulièrement, continue de constituer un socle de portefeuille intéressant, tandis que les actifs alternatifs demeurent une source d’« alpha », une protection contre l’inflation et un outil de diversification.
Dans ce contexte, la perspective de rendement de J.P. Morgan AM pour un portefeuille 60/40 en euros sur les 10 à 15 prochaines années bondit de 2,80 % l’an dernier à 5,10 % dans notre dernier rapport annuel sur les perspectives de rendement à long terme des marchés financiers – et ce alors qu’en 2022 ce modèle d’allocation équilibré a connu sa pire chute de rendement depuis 2008.
Ces chiffres ne sont pas anodins, et signifient notamment que les marchés d’aujourd’hui permettent d’envisager les rendements potentiels à long terme les plus attrayants depuis plus d’une décennie.
Evidemment, il aura fallu pour cela une réinitialisation significative des marchés, et une période noire pour les détenteurs d’obligations, le tout sur un horizon beaucoup plus court que prévu. Mais ces dernières offrent enfin des rendements plus élevés et peuvent à nouveau constituer une source de revenus et une valeur refuge potentielle. Quant aux actions, avec des valorisations plus faibles, elles offrent désormais un point d’entrée attractif. Et ce même si la prudence reste de mise, la possibilité d’un retour à un environnement de corrélation positive entre les rendements des actions et des titres obligataires pouvant limiter la capacité d’un investisseur à diversifier le risque lié aux actions et accroître la volatilité du portefeuille.
Enfin, les actifs alternatifs continuent de proposer des atouts uniques sur le marché. A plus forte raison si l’on considère que les années précédentes, dans un contexte de taux d’intérêt négatifs, les investisseurs devaient renoncer à la liquidité pour aller chercher du rendement sur les actifs alternatifs et qu’à l’avenir, ceux-ci devraient reprendre leur rôle plus traditionnel dans les portefeuilles, permettant une exposition à des opportunités de rendements uniques, tout en fournissant une combinaison attrayante de potentiel d’alpha, de protection contre l’inflation et de diversification.
Prévisions de rendement bien meilleures
En fin de compte, les prévisions de rendement des actifs à long terme semblent bien meilleures pour la prochaine décennie que pour la dernière. Mais il aura fallu pour cela une réinitialisation significative des marchés, accompagnée d’une déroute du marché obligataire. Et si l’inflation élevée qui a finalement poussé les responsables politiques à agir va probablement se modérer, les facteurs sous-jacents de la hausse des prix – pénuries de biens et de matières premières importants, tensions sur les marchés du travail et tensions géopolitiques accrues – resteront des risques pour les investisseurs pour le reste de la décennie.
Dès lors, la résolution de ces problèmes nécessitera probablement des investissements substantiels, au moment même où les banques centrales relèvent leurs taux et où les capitaux se font plus rares.
Toutefois, pour les investisseurs, tout cela se traduit par un environnement bien plus favorable aux rendements, tant du point de vue du bêta du marché que de l’alpha actif. Les investisseurs ayant du capital à déployer ont donc devant eux un point d’entrée exceptionnel, un large éventail d’actifs offrant des rendements potentiels convaincants !