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« Après une année de tempête sur les marchés, quelles stratégies d’investissement privilégier pour 2023 ? »

Par Bertrand Tourmente, Fondateur et gérant d’Althos

private equity
Bertrand Tourmente, fondateur d’Althos Patrimoine

La chute concomitante des marchés actions et obligataires en 2022 a durement frappé les investisseurs. Cette période a ainsi révélé les limites du portefeuille équilibré, proposé habituellement par les banques privées, avec une pondération à 60 % en actions et à 40 % en obligations. Pour 2023, il convient désormais d’identifier les classes d’actifs qui seront à la fois porteuses de diversification et de rendement.

Une année 2022 bousculant les certitudes

Le portefeuille équilibré traditionnel, également appelé ‘’portefeuille 60/40’’, a montré ses faiblesses en 2022. Il a ainsi marqué sa plus mauvaise performance depuis 1937, terminant l’année à -12,97 %, dont -12,91 % pour les obligations, une première depuis 1914, et -13,01 % pour l’indice MSCI World (net en euros), qui représente les principaux titres actions au niveau mondial. Ce portefeuille-type doit ainsi laisser place à une allocation davantage en phase avec le nouvel environnement de marché.

Retour en force de l’obligataire coté

Dans l’univers du coté, après la forte baisse de 2022, le marché obligataire offre cette année plus d’opportunités, avec des taux de rendements qui atteignent en moyenne 5 %. Les obligations à faible duration (2 à 3 ans) sont à privilégier : elles devraient garantir des rendements raisonnables, presque similaires à ceux des obligations longues, tout en limitant la durée de blocage du capital. On peut donc s’y intéresser à nouveau.
En parallèle, l’ultra-diversification est à privilégier, en intégrant des solutions d’investissement habituellement réservées aux institutionnels (Private Equity, immobilier d’infrastructures, etc.)

Le Private Equity se distingue, entre résilience et diversification du portefeuille

Connu pour sa résilience en temps de crise, le Private Equity n’a pas failli à sa réputation. Rappelons ainsi qu’après la crise des subprimes en 2008 et 2009, le marché secondaire du Private Equity (son marché de l’occasion sur lequel des parts de fonds existantes s’échangent) offrait des décotes allant de 30 % à presque 40 % en moyenne. La crise de la Covid-19 en 2020 a occasionné des décotes de l’ordre de 15 %, et celles qui ont été observées fin 2022 sont annonciatrices d’opportunités pour les gérants de fonds secondaires. Des points d’entrée vont se présenter au cours du premier semestre 2023, avec la perspective de bons rendements et de portefeuilles diversifiés.
Cependant, la sélectivité reste de mise, car la valorisation de certaines entreprises non cotées pourrait baisser courant 2023, permettant ainsi de corriger les excès des dernières années.

Actifs réels : les infrastructures prennent le relais de l’immobilier

Dans l’univers du non coté, l’immobilier a certes mieux résisté que les marché actions en 2022, mais la remontée des taux augmente les risques sur cette classe d’actifs en 2023. Il semble peu probable que le secteur demeure aussi résilient. Les infrastructures devraient en revanche gagner du terrain, portées par des tendances de fond telles que la transition écologique, la révolution numérique et la hausse de la démographie à l’échelle mondiale. Les besoins d’investissements mondiaux en termes de champs éoliens et de parcs photovoltaïques, par exemple, représentent des gisements de croissance et des rendements estimés entre 7 et 10 % annuels pour les fonds positionnés sur cette thématique. Avec des revenus indexés sur l’inflation via les loyers et les rentes d’exploitation, le secteur semble paré à affronter l’incertitude macroéconomique de 2023. Il est un des seuls à offrir une réelle visibilité pour la période à venir.
Plus que jamais, des opportunités seront à saisir tout en n’étant pas exposé uniquement en Actions/Obligations. Il est conseillé de ne négliger aucune classe d’actifs afin de protéger son patrimoine et de le faire fructifier dans un environnement complexe et volatil. Le non coté apparaît alors indispensable dans ce contexte, pour diversifier un portefeuille mais également aller chercher de la performance tout en limitant la volatilité.