Assurance vie : savoir diversifier son épargne selon son profil
Les épargnants qui souhaitent aller plus haut que le taux du fonds en euros doivent savoir prendre des risques. Les contrats d’assurance-vie offrent aujourd’hui presque tous une possibilité d’acquérir des unités de compte (UC), des supports investis sur les marchés, avec un risque de perte en capital, mais de meilleures perspectives de gains.

L’adage bien connu est toutefois de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Le degré de diversification dépendra du profil du client : prudent, équilibré ou dynamique. François-Régis Bernicot, directeur général de Suravenir, constate que de nombreux épargnants se dirigent vers les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier), en raison de leur risque modéré. Il met cependant en garde : « La règle est généralement de ne pas placer plus de 50.000€ et plus de 50% de son allocation sur une UC immobilière. » Et il ne faut pas s’arrêter là.
Varier les types d’actifs
Il est également conseillé de panacher son allocation de différentes classes d’actifs. Harry Markowitz, économiste américain et lauréat du Prix Nobel, a mis au point un modèle qui porte aujourd’hui son nom afin d’avoir le plus de probabilité de gagner en toute situation. L’idée est simple : il faut composer un portefeuille d’actifs aux performances décorrélées. De cette manière, quand l’un baisse, l’autre amortira ou corrigera le phénomène. Par exemple, l’or est classiquement considéré comme décorrélé des autres marchés. Il est possible d’y investir dans un contrat d’assurance-vie via des fonds spécialisés (qui détiennent souvent des contrats à terme ou des actions minières, pas forcément de l’or physique).
Les actions sont quant à elles décorrélées de l’immobilier (sauf les foncières). Si votre allocation est déjà composée de SCPI, une diversification avec quelques fonds en actions peut être conseillée. Comme ces derniers ont un risque de perte en capital plus élevé, il conviendra de ne pas leur donner trop d’importance (10% maximum) si vous souhaitez conserver un profil d’investissement prudent. La probabilité de moins-value (parfois temporaire) est indiquée par une échelle dite SRRI. Paradoxalement, une absence de diversité dans les niveaux de risque représente un risque supplémentaire : il faut varier les actifs, mais aussi les niveaux SRRI.
La question reste souvent de savoir quand investir. Un des conseils les plus répandus est de lisser les achats d’UC sur plusieurs mois ou années afin d’obtenir un prix d’entrée généralement gagnant au fil des ans.
L’âge est un facteur parmi d’autres
L’objectif (achat immobilier, retraite, transmission, etc.) est ce qui permettra d’établir un horizon d’investissement et donc les fluctuations tolérables. Il est ainsi recommandé de réduire le risque à la retraite, dans le souci de préserver le capital transmis si jamais un décès devait arriver. Seulement, cela dépend de chaque situation : « Si une personne a une épargne importante à 70 ans, il n’y a pas de raison qu’elle prenne moins de risque qu’un jeune », juge Richard Charlier, directeur technique du cabinet Fidroit. L’assurance-vie offre, d’ailleurs, une fiscalité avantageuse sur les gains après cet âge pivot dans le cadre de la transmission.
Richard Charlier insiste sur cet exemple, car l’espérance de vie est aussi à prendre en compte : plus il nous reste de temps avant le trépas, moins le risque sera problématique. Or, « l’une des erreurs communes est de s’appuyer sur l’espérance de vie à la naissance », quand il convient plutôt de prendre en compte celle à 65 ans (âge le plus élevé indiqué par l’Insee). Les hommes qui ont soufflés leurs 65 bougies en 2022 peuvent s’attendre à vivre encore jusqu’à 84 ans, alors que l’espérance de vie à la naissance la même année est de 79 ans. Cinq ans de différence sont significatifs lorsqu’il s’agit de choisir son allocation. A noter toutefois que la profession exercée durant la vie active modifie fortement ces données.
Inversement, les plus jeunes n’ont pas forcément intérêt à opter pour une allocation très risquée. S’ils ne sont pas encore propriétaires de leur logement principal, s’ils n’ont pas eu d’enfant et qu’ils souhaitent en avoir, s’ils n’ont pas fini leurs études, ils peuvent avoir besoin d’une poche de précaution importante.
Pour définir son allocation, l’âge est donc un facteur parmi d’autres, mais il ne faut pas oublier votre tolérance psychologique au risque : craignez-vous de voir -10% s’afficher sur votre relevé annuel ? Si la réponse est oui, le profil prudent, voire sécurisé (100% fonds en euros), sera à privilégier. Si la réponse est non, les profils équilibré ou dynamique seront à explorer.