Épargne de précaution : combien faut-il garder de côté ?
En cas de coup dur, l’épargne garantit la protection de son détenteur. Mais comment chiffrer ces imprévus ? Quelques conseils.

La crise l’a confirmé : les Français sont nombreux à vouloir garder un petit matelas d’économies par sécurité. Ce comportement est parfaitement compréhensible en période d’incertitude. Il est même vivement recommandé de conserver une épargne de précaution. Mais combien faut-il mettre de côté ? Pour répondre, il convient d’abord de revenir un instant sur ce que cela signifie. Comme son nom l’indique, elle a un but principal : prévenir les coups durs, c’est-à-dire protéger son détenteur des aléas de la vie (maladie, inactivité passagère, panne d’un véhicule, réparation d’urgence d’un bien immobilier…). Le tout en évitant de devoir piocher dans des placements à long terme pas nécessairement liquides (assurance vie, immobilier…).
Regarder ses dépenses contraintes
Il est bien évidemment impossible de donner une somme précise en ce qui concerne les montants à sécuriser. La notion d’épargne de précaution dépend par exemple du statut. A priori, la situation d’un salarié en CDI est moins à risque que celle d’un travailleur indépendant. Le niveau du curseur peut aussi être lié au caractère de l’épargnant. Une personne inquiète par nature sera certainement rassurée par un matelas confortable. Enfin, il est important de regarder le patrimoine et/ou le train de vie du foyer.
C’est d’ailleurs ce dernier point qui apparaît le plus important. L’épargne de précaution doit servir de relais en cas de problème. L’essentiel est de savoir de combien le foyer aurait alors besoin. Nombre de conseillers raisonnent en termes de mois de revenus. De notre côté, nous préférons analyser la question au regard des dépenses contraintes. C’est-à-dire celles qui reviennent obligatoirement chaque mois (loyers, alimentation, charges récurrentes…).
Selon le profil et le statut professionnel, on peut estimer qu’une somme couvrant entre 3 et 6 mois de dépenses contraintes donne de la marge (d’autant qu’en cas de perte d’activité, des dispositifs de soutien temporaire sont généralement activables). Pour un ménage qui gagne 4.000 euros par mois et qui support 2.500 euros de dépenses contraintes, cela représente entre 7.500 et 15.000 euros d’épargne. Cette estimation peut ensuite être affinée en intégrant notamment le coût de grosses dépenses prévisibles (toiture à réparer, véhicule à changer…).
Ne pas surestimer l’enveloppe
« Qui peut le plus peut le moins » a-t-on coutume de dire. Et selon ce principe, beaucoup de foyers ont tendance à gonfler à l’excès leur épargne de précaution. Ils se disent qu’il vaut mieux être trop doté que pas assez. Cela est généralement superflu et même pénalisant. Disposer de quelques mois de dépenses assurées est en effet suffisant et il est de surcroît rare que toutes les grosses dépenses redoutées tombent au même moment.
L’épargne inutilement mobilisée pourrait ainsi être affectée de manière bien plus efficace à d’autres projets. Un actif craignant par exemple pour sa retraite aura tout intérêt à ne pas la surestimer et à placer le surplus dans des supports à plus long terme, mieux adaptés à ses projets, notamment en termes de rentabilité dans la durée.
C’est un élément sur lequel notre magazine alerte régulièrement ses lecteurs au travers de la rubrique Les finances d’une famille. Au-delà d’une année de dépenses assurées, l’épargne de précaution nous apparaît totalement disproportionnée.
Où placer son épargne de précaution ?
Reste la question du réceptacle à utiliser. Sur ce plan, rappelons simplement les deux critères à respecter : le capital mis de côté doit être rapidement mobilisable et garanti à tout moment (pour éviter de subir une perte en cas de sortie précipitée). Autrement dit, le rendement du support est ici secondaire. Faire prospérer l’argent mis de côté peut constituer un plus mais ne doit pas être la priorité.
Les supports à privilégier ne sont pas légion, au vu de ces contraintes. Même si leurs taux ne sont guère généreux à l’heure actuelle, les livrets restent les produits idéaux (capital garanti, absence de frais, liquidité totale…).
Avec des plafonds à 22.950 euros pour le livret A et 12.000 euros pour le LDDS, les livrets réglementés donnent déjà une certaine marge de manœuvre. Quant aux très gros budgets, ils peuvent compléter le dispositif avec des livrets bancaires ordinaires.
Certes, les lecteurs les plus observateurs noteront que certains livrets peinent parfois à égaler l’inflation et offrent dès lors des rendements réels négatifs. C’est indéniable, mais un livret au rendement faible est toujours préférable à un compte courant non rémunéré.