Avec l’inflation, est-il intéressant de garder son livret A ?
Le livret A reste une véritable niche d’épargne en France, malgré son taux de rémunération. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ?

Les tensions enregistrées ces derniers mois entament déjà le pouvoir d’achat des Français pendant que les perspectives d’inflation font trembler les marchés, expliquent Les Echos ; d’autant que pendant la pandémie, de nombreux ménages ont accumulé de l’épargne, souvent sur ce fameux livret A alors que celui-ci ne rapporte qu’un modeste 0.5%. « Depuis le début de la crise sanitaire (mars 2020), la collecte du livret A a atteint 37,75 milliards d’euros faisant de ce produit le principal réceptacle de l’épargne Covid juste derrière les dépôts à vue (50 milliards d’euros) », observe Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.
Malgré une rémunération nette d’impôt et de prélèvements sociaux, celle-ci ne suffira pas à préserver le patrimoine de ses détenteurs. En effet, la hausse des prix à la consommation s’est élevée à 1,2 % sur un an en France au mois de juillet, contre 1,5 % en juin, selon l’estimation provisoire publiée vendredi 30 juillet par l’Insee. D’ailleurs, si l’encours du Livret A reste toujours à un niveau historique de 343,3 milliards d’euros, les épargnants n’y ont déposé qu’une quarantaine de millions d’euros en juin.
Un taux révisé qui reste inchangé
Certes, l’approche des vacances et le déconfinement ont incité les Français à se montrer un peu plus dépensiers après avoir eu, pendant plusieurs mois, un comportement très vigilant. Ceci dit, la perspective d’une rémunération relativement moins attractive n’est peut-être pas totalement étrangère à ce désintérêt. Depuis le 1er février 2020, le taux du livret A est fixé en calculant la moyenne semestrielle du taux d’inflation et des taux interbancaires à court terme, avec un arrondi calculé au dixième de point le plus proche, sans pouvoir être inférieur à 0,5 %, rapportent Les Echos.
Les échéances traditionnelles de révision de taux sont fixées du 1er février au 1er août. Cette fois-ci encore, le taux ne sera pas revu. Dans ces conditions, faut-il conserver ce placement ? Les offres alternatives fourmillent notamment sur internet ; mais avant de prendre une décision, il faut se poser les bonnes questions.
Atouts et inconvénients du livret A
Totalement liquide, exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux, le livret A, sans risques, n’est pas destiné à une épargne sur du long terme. Paradoxalement, beaucoup de ménages laissent dormir leur argent pendant des années sur ce livret. Mais il doit être destiné à faire face à des coups durs, à des dépenses ponctuelles. Il s’agit avant tout d’une réserve de cash. Pour préparer sa retraite ou se constituer un capital, il existe d’autres placements, plus rémunérateurs comme l’assurance-vie, le PER, les actions ou même la pierre. Des placements plus risqués également alors que le livret A, lui, est garanti par l’Etat. En outre, contrairement à d’autres nombreux placements, il ne supporte aucun frais.
Enfin, les montants versés sur un livret sont plafonnés. La limite est fixée à 22.950 euros pour un particulier et on ne peut en ouvrir qu’un par personne. Les mineurs pouvant aussi détenir un livret A, une famille qui compte par exemple deux parents et deux enfants peut cumuler quatre livrets . S’ils sont tous au plafond, il peut être pertinent de réfléchir à une diversification plutôt que de laisser 91/800 euros (voire davantage avec les intérêts) en épargne liquide à 0,5 % .
Il faut donc opter pour le produit d’épargne qui correspond à ses objectifs, à la durée envisagée et au niveau de risque que l’épargnant accepte de prendre. De nombreux placements se présentent comme une alternative au livret A, notamment ceux invitant à investir en actions. Mais la prise de risque est bien différente. Il est toujours possible de limiter le danger via des versements réguliers mais le livret A restera la solution la plus sûre. Sans parler des placements en bitcoins et autres cryptos qui proposent une sécurité nulle, sans aucune garantie de résultat.