H2O AM : première victoire pour les épargnants
Le tribunal de commerce de Paris vient de nommer un professionnel indépendant pour réaliser un état des lieux sur les transactions douteuses effectuées entre 2015 et 2019 par H2O AM. Une première étape avant de déterminer des éventuelles indemnités que pourront solliciter les épargnants toujours bloqués dans les fonds de la société de gestion.

Les épargnants lésés par H2O Asset Management ont obtenu une petite victoire. Le tribunal de commerce de Paris vient en effet de contraindre la société de gestion à communiquer des documents. Ceux-ci permettront peut être de faire la lumière sur ses investissements controversés. Une décision qui intervient à la demande de l’association Collectif Porteurs H2O. Ce dernier avait assigné en référé H2O AM en septembre 2021. A l’époque, il demandait notamment la nomination d’un expert judiciaire indépendant.
Un professionnel indépendant nommé
C’est finalement un « technicien constatant » qui a été nommé en la personne d’Eric Pinon. Cet ancien président de l’Association française de gestion financière (AFG, qui fédère les sociétés de gestion en France) a pour mission de vérifier toutes les pièces à fournir par la structure désormais détenue en partie par Natixis IM. Son travail consistera aussi à répertorier les différentes transactions. Celles effectuées sur des dettes des sociétés du sulfureux homme d’affaires Lars Windhorst (notamment sa holding Tennor) seront passées au crible.
« Nous avons obtenu que soit publié environ 35 documents sur la quarantaine demandée, précise Gérard Maurin, président de Mesnil Finance et président de l’association Collectif Porteurs H2O. Nous voulons surtout déterminer si les acquisitions de dettes de sociétés de Lars Windhorst ont été réalisées dans les règles de l’art avec un processus d’analyse du risque crédit ou, comme nous le craignions, s’il y a eu une faute du gérant. Dans ce dernier cas de figure, la moindre des choses serait de rembourser les épargnants à la valeur d’achat. » Le rapport de l’expert, attendu au mieux d’ici quatre mois, pourrait ainsi servir de base de calculs pour les indemnités sollicitées.
Des épargnants encore bloqués dans les fonds
Pour rappel, H2O a pris entre 2015 et 2019 d’importantes positions sur des actifs illiquides. Il a acheté des créances de différentes sociétés de Lars Windhorst, l’homme d’affaires ayant pourtant déjà fait faillite à deux reprises. Une situation qui a conduit en août 2020 au blocage des fonds. H2O Adagio, H2O Allegro, H2O MultiStrategies, H2O MultiBonds, H2O Moderato, H2O MultiEquities, ou encore H2O Vivace étaient concernés. Depuis lors, des milliers d’épargnants sont toujours bloqués dans des véhicules de cantonnement (side pockets). « La valeur des dettes souscrites par H2O AM est passée de 2,8 milliards d’euros initialement à 1,6 milliards d’euros en 2020, puis 1 milliard d’euros depuis le début de l’année. La décote a d’ores et déjà était importante », ajoute Gérard Maurin.
Une dette toujours non remboursée
Le groupe de Lars Windhorst est censé rembourser sa dette cet été. Mais les investisseurs ont peu d’espoirs et craignent une perte totale. Le collectif espère bien indemniser les épargnants lésés. Il compte à l’heure actuelle un peu moins de 500 adhérents. Pour les détenteurs de side pockets d’H2O, il est même toujours possible de rejoindre l’action. Il suffit pour cela de s’inscrire en ligne et de verser 50 euros de cotisations à l’association. En cas de succès, elle récupérera 30 % des indemnités perçues. Des sommes qui serviront entre autres à régler les frais d’avocats.