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Valeo sanctionné en Bourse… Est-ce vraiment justifié ?

La publication des résultats de l’exercice 2017 de l'équipementier automobile Valeo n’a pas été du tout du goût des investisseurs. Le titre a dévissé en Bourse. Mais cette sanction est-elle justifiée ?
Valeo est un équipementier automobile mondial spécialisé dans les domaines du confort et de l’aide à la conduite, de la propulsion, des systèmes thermiques et de la visibilité. Photo : Mario FOURMY pour Valeo.

-11% en une seule séance ! Il y a bien longtemps que Valeo n’avait pas essuyé une telle correction en Bourse. L’équipementier automobile avait pourtant jusque-là réalisé un parcours presque sans faute, mais la publication des résultats de l’exercice 2017 n’a pas été du tout du goût des investisseurs.

Que s’est-il passé exactement ? La croissance du chiffre d’affaires a nettement ralenti au cours du deuxième semestre (+5%) par rapport à la tendance soutenue de la première partie de l’année (+9%). S’il est vrai que la production automobile a connu un petit coup de mou, notamment aux Etats-Unis, le groupe a aussi pâti des difficultés de son client coréen Hyundai, dont les produits ont été volontairement boycottés par la Chine dans le cadre des tensions avec la Corée du Nord.

Comme on pouvait aussi s’y attendre, la rentabilité s’est effritée en 2017, avec une marge opérationnelle ramenée de 8,1% à 8% malgré la hausse des ventes. Cela s’explique par la moindre rentabilité structurelle de la filiale japonaise, Ichikoh, récemment consolidée par intégration globale, mais aussi par les pertes de la coentreprise avec Siemens dans le domaine de la propulsion haute pression.

Cette entité a pourtant décroché des commandes majeures (10 milliards d’euros à fin février), mais elle doit investir pour les honorer. Enfin, le renchérissement des matières premières et l’évolution défavorable des devises ont joué contre l’équipementier.

Des objectifs 2018 décevants

Autre sujet de mécontentement chez les analystes financiers, les objectifs financiers pour 2018 sont apparus très décevants puisque la direction vise une croissance organique des ventes limitée à 5% cette année, avec une nouvelle dégradation de la rentabilité (autour de 7,8% des ventes) , toujours liée aux devises, aux matières premières, à la persistance des difficultés chez Hyundai pendant le premier semestre et au creusement des pertes de Valeo-Siemens.

Cette situation n’est pourtant que très temporaire et reflète essentiellement un problème de phasage dans l’enchaînement des contrats. Au vu des commandes engrangées ces dernières années (+17% encore en 2017 pour un montant de 27,6 milliards d’euros, soit 1,5 fois le chiffre d’affaires dégagé sur la période), le groupe devrait en effet renouer avec une croissance à deux chiffres dès 2019.

Il est par ailleurs probable que la situation se normalise chez Hyundai à partir du deuxième semestre. Enfin, la coentreprise avec Siemens qui constitue un handicap à très court terme sur les marges devrait rapidement devenir un catalyseur positif pour le titre dans la mesure où son niveau de rentabilité doit progressivement rejoindre celui de Valeo à l’horizon 2022.

Elle réalisera alors un chiffre d’affaires estimé à 2 milliards d’euros et Valeo aura la possibilité d’exercer une option lui donnant le droit de racheter la part de Siemens. Ce que le groupe fera sans doute compte tenu du potentiel important offert par les thématiques de la voiture hybride, électrique et autonome.

Profiter du trou d’air

Il pourrait lui en coûter jusqu’à 1 milliard d’euros mais son bilan le lui permet dans la mesure où la dette nette à la fin de l’exercice 2017 restait contenue à 42% des fonds propres et à 0,76 fois l’excédent brut d’exploitation malgré les dernières acquisitions. Le modèle économique de Valeo n’est absolument pas remis en cause, pas plus que les objectifs à l’horizon 2021 visant un chiffre d’affaires supérieur à 27 milliards d’euros et une marge opérationnelle d’environ 9% du chiffre d’affaires.

La baisse des anticipations bénéficiaires pour 2018 ne justifie sans doute pas une sanction si sévère et l’on pourra profiter de ce trou d’air pour se positionner dans la perspective d’un retour à une dynamique très soutenue dès 2019 même si nous devons abaisser notre opinion de « positif » à « plutôt positif ».

Les plus et les moins du dossier :
– une croissance ralentie à très court terme
+ un carnet de commande bien rempli
+ un bilan solide