Quand les cours ne cessent de monter, les marchés se rassurent en cognant sur les mauvais élèves

Les marchés financiers détestent les surprises. Et encore plus lorsqu’elles sont mauvaises ! L’axiome se vérifie d’autant plus qu’actuellement la cote parisienne bénéficie de vents porteurs : du 1er janvier au 23 mai dernier, le CAC 40 s’est apprécié de de 5,26 %. Malgré deux petites poussées de fièvre début février, en plein bras de fer américano-nord-coréen, et le 23 mai dernier, la volatilité, mesurée par le VIX sur l’indice S&P 500 ( surnommé l’indice de la peur), demeure plutôt tempérée.
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Mais au sein de la cote parisienne, les mauvais résultats subissent une sanction aussi sévère que brutale et surprenante. Avant les crises financières de 2007, 2008 et 2011, il était rare que leur cours fléchisse au-delà de 4 % en une seule séance. Hormis ceux d’Alcatel, qui plongeait de 38 % le 17 septembre 1998, ou de la Société Générale en repli de plus de 20 % avant et après les révélations des pertes de Jérôme Kerviel, les sanctions n’étaient pas radicales.
Sanctions radicales
Rien de tel aujourd’hui. Ainsi, le 16 mai dernier, Iliad, la maison-mère du fournisseur d’accès à Internet Free, piquait de près de 20 % en une journée, et consumait ainsi plus de deux milliards de capitalisation. En cause : une érosion de ses abonnés dans les télécoms fixes, la vache à lait des opérateurs. D’où un retour de bâton pour le cours d’une action revenue à ses niveaux de 2013. Avant de se reprendre et de regagner plus de 10 % depuis.
Comparé au sort d’Altice, Iliad s’en sort bien. La maison-mère de SFR a cédé plus de 53 % de sa valeur l’an dernier, l’essentiel du recul se concentrant en novembre 2017. Davantage, le 23 novembre dernier cinquante fonds d’investissement annonçaient la vente de tout ou partie de leur participation. Si ce n’est pas de l’allergie au risque… Les contre-performances entraînent les blâmes des marchés, mais le flou sur les perspectives déclenche leurs défiance.
Le premier trimestre dernier et le printemps actuel sont riches de ces sautes d’humeur ponctuelles, comme peuvent en témoigner les parcours boursiers de Vivendi, Carrefour, Tarkett, JC Decaux, Neopost, etc. Le spécialiste des systèmes d’information Ingenico en fera les frais le 22 février 2018 avec un repli de plus de 14 % de son cours lorsqu’il livrera une prévision de rentabilité d’exploitation annuelle en-dessous des attentes des analystes. Depuis, la valeur n’a pas encore regagné le terrain perdu.
A contrario, Lafarge-Holcim, dans le collimateur de la justice pour ses activités syriennes, a bien digéré le test des résultats et perspectives, le 2 mars dernier : après un plongeon de 7,53 %, à 50,86 euros, le titre cotait 52,46 euros en matinée le 24 mai.
Faire le dos rond
L’investisseur doit se faire raison lorsque l’une de ses valeurs voit sa cote d’amour s’inverser : quand les cours ne cessent de monter, les marchés se rassurent en cognant sur les mauvais élèves. Il peut aussi saisir l’opportunité d’une correction passagère pour renforcer à bon compte sa participation. Plutôt qu’alléger ses pertes après publication des mauvaises nouvelles, mieux vaut faire le dos rond et attendre un retour à meilleure fortune. En particulier pour des entreprises, comme Tarkett, corrélées aux évolutions des matières premières, voire telles Vivendi ou Carrefour, engagées dans une restructuration en profondeur. Idem pour les lignes en pleine forme : il faut savoir prendre ses bénéfices et ne pas se laisser griser…