Avec Hermès au CAC 40, il y a maintenant un énorme terrain de jeu « luxe » pour les investisseurs

Porté par l’essor de son titre en Bourse, Hermès va intégrer l’indice CAC 40 le 18 juin et y rejoindre LVMH et Kering. Un trio de poids qui va renforcer la visibilité du luxe français, déjà rompu aux ventes record et à une rentabilité insolente. « L’accélération du titre depuis le début de l’année rendait la chose naturelle », a commenté vendredi auprès de l’AFP Arnaud Cadart, gérant de portefeuilles chez Flornoy & Associés. Le groupe de luxe, célèbre pour ses carrés de soie et ses sacs Birkin et Kelly, est encore détenu à 66% par les descendants du fondateur Thierry Hermès, pour 32,7% de capital flottant (le reste du capital correspond à des actions auto-détenues). L’action vaut actuellement autour de 560 euros, soit un bond de 26% depuis le début de l’année.
Une valorisation particulièrement élevée
Mais c’est surtout la valorisation particulièrement élevée du groupe qui attire l’attention, à plus de 59 milliards d’euros. Ces derniers mois, Hermès a dépassé l’assureur Axa, et il tutoie aussi Kering, groupe de François-Henri Pinault qui regroupe un total de 17 marques (dont Gucci, Yves Saint Laurent ou Bottega Veneta) et affiche une valorisation boursière de quelque 63 milliards d’euros.
L’écart reste cependant encore grand avec LVMH et sa capitalisation de 151 milliards. En mai dernier, le numéro un mondial du luxe et ses 70 marques (dont Louis Vuitton, Fendi, Sephora, Christian Dior, Dom Pérignon ou encore Hennessy), propriété de Bernard Arnault, était parvenu à détrôner Total, pourtant première capitalisation boursière depuis des années.
L’intérêt des investisseurs étrangers
« L’entrée d’Hermès International au CAC 40, décidée par le conseil scientifique des indices, annoncée par Euronext, témoigne de la solidité de son modèle d’entreprise », a réagi vendredi le sellier-maroquinier dans un commentaire transmis à l’AFP, sans plus de détails.
« Il s’agit d’une consécration pour Hermès, cette entrée dans le CAC va accroître le flux des capitaux et l’intérêt des investisseurs étrangers », a jugé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, qui évoque un « troisième mousquetaire du luxe » au sein de l’indice.
Trois ans de très grosses performances
Pour Franklin Pichard, directeur général de Kiplink Finance, en intégrant L’Oréal, géant mondial des cosmétiques, ce sont même « quatre groupes de luxe qui vont figurer parmi les 40 valeurs phares du marché parisien ».
« Si on ajoute les trois valorisations plus une partie de l’Oréal, c’est en effet une forme de consécration pour le luxe français, et une concrétisation de deux/trois ans de très grosses performances pour ce secteur, qui le rendent encore plus attractif », renchérit Arnaud Cadard pour Flornoy & Associés.
LVMH, Kering et Hermès ont tous trois bouclé leur exercice 2017 sur des ventes record et une rentabilité insolente.
« Entre 1987 et 1999, il n’y avait qu’un seul acteur pour les grands investisseurs internationaux, c’était LVMH. Ensuite il y a eu Richemont (groupe de luxe suisse, NDLR), puis Kering et Hermès. Il y a maintenant un terrain de jeu « luxe » énorme pour les investisseurs, en France et en Europe », résume M. Cadart.
Reste à savoir comment Hermès va se positionner, en termes d’image, aux côtés des mastodontes industriels qui composent le CAC 40: « Hermès rejoint des groupes comme Total ou Engie, alors qu’il se réclame de l’artisanat, ce qui est particulier », relève Arnaud Cadart.