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Stratégie Bourse : que faire si la croissance fléchit ?

Sous l’effet de tensions internationales et de la fin prochaine de la politique accommodante de la BCE de Francfort, la croissance française ralentit. La tendance, si elle se poursuivait, pourrait entraîner, voire accélérer une rotation sectorielle dans les salles de marchés : au détriment de la consommation et au profit des financières.
consommation
Crédit : iStock.

Simple pause ou retournement de tendance ? Les derniers chiffres sur la croissance française ont désagréablement surpris : 0,2 % sur un an au premier trimestre, après un été et un automne à 0,7 %. Le chef économiste de Natixis, Philippe Waechter, y voit un « ajustement après une fin 2017 pas soutenable en termes d’évolution ». Il n’empêche : tous les clignotants pâlissent : la consommation, le commerce extérieur, et surtout l’investissement manufacturier qui plonge de 1,6 à -1,3 % d’un trimestre l’autre.

La rigueur de la météo hivernale, les remontées des matières premières, tirées par des tensions géopolitiques (Iran, Corée du Nord, menaces de guerre commerciale avec les Etats-Unis) expliquent ce contexte moins favorable. Comme la présence de goulots d’étranglement sur le marché de l’emploi : faute de pouvoir recruter nombre d’entreprises ratent des commandes. Reste la perspective, voire la certitude que l’ère de l’argent bon marché touche à sa fin : aux Etats-Unis, les taux directeurs ont entamé leurs remontée. En Europe, la BCE ‘prépare’ les esprits à un tel revirement.

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Les marchés intègrent ces éléments. Certes, au 12 juin, le CAC à progressé de 3,04 % depuis le début de l’année. Mais les secteurs ayant ‘la cote’ pourraient voir leur étoile se ternir plus ou moins fortement. C’est le cas des valeurs liées à la consommation : l’indice CAC Biens de Consommation gagne 12,73% depuis le 1er janvier et, dans une moindre mesure, l’index des services aux particuliers, dans lequel figurent les groupes de distribution grappille 1,22 % sur la période. Là-encore, une pause dans leur progression ramènerait à la raison les valorisations de leurs composants : leur Pe2018, ou anticipation des bénéfices attendus, dépasse celui des autres valeurs du CAC 40 qui s’établit à 17.

L’agro-alimentaire plutôt que la consommation discretionnaire

Ceux qui tablent sur une croissance réduite préféreront ainsi l’agro-alimentaire et la distribution généraliste plutôt que la consommation discrétionnaire (dont les coûts des emballages de parfums et cosmétiques dépendent des cours d’un pétrole multiplié par deux en un an) ‘hors de prix’.

Ainsi, mieux vaut Bonduelle que Danone ou Tipiak. D’abord parce que ses légumes collent avec une demande de plus en plus tournée vers les produits naturels. Avec un cours piquant de – 25,58 % depuis le 1er janvier, elle est moins chère que les deux autres : un Pe 2018 de 16,44 contre 18,43 et 18,82. Idem pour Laurent-Perrier SA, Lanson BCC SA, Marie Brizard, Advini SA ou Vranken-Pommery Monopole-SA, sauf pour des achats sur replis.

Quid de la distribution ? Casino, Rallye et Carrefour se négocient avec des Pe 2018 respectifs de 11, 10 et 15. La seconde, Rallye, vient d’annoncer un programme de cessions de 1,5 milliards pour se désendetter. Le numéro un européen du secteur, Carrefour, lui aussi en plein reformatage tirera-t-il profit de son accord avec Google pour rattraper son retard dans le e-Commerce ?

Les banques peuvent retrouver des couleurs

Le secteur des banques et assurances, en revanche, peut retrouver des couleurs : son indice cède 8,13 % depuis le 1er janvier. Comparées aux valeurs ‘Conso’, les valorisations sont… à la traîne : Société Générale affiche un Pe 2018 de 12,5 tandis que celui d’Axa plafonne à 8,42. Toutes, hormis Natixis avec + 7,14 % affichent des parcours négatifs sur la période. Le tout avec de jolis rendements : 5,30 % pour Crédit Agricole et 5,89 % pour Natixis. Seraient-elles mûres pour un rattrapage ?