La Française des jeux bientôt en Bourse : vous avez tout intérêt à vous y intéresser
La Française des jeux (FDJ) figure dans la shortlist des privatisations promises par la loi PACTE. Sur le papier, les actionnaires individuels ont tout intérêt à s'intéresser à cette future valeur de rendement. Sauf si l’état et le régulateur ne brident la générosité de cette ‘cracheuse’ de dividendes.

« Offrez-vous 1% du budget de l’état ». Plutôt que de recycler son slogan légendaire de 1976 – souvenez-vous du ‘c’est facile, c’est pas cher et ça peut rapporter gros’, la Française des jeux pourrait mettre en avant ce chiffre pour attirer les petits porteurs. La puissance publique, son actionnaire principal avec 72 % du capital aux côtés des Gueules Cassées ( 9,2 %), de la Fédération Maginot ( 4,2%) qui rassemblent les blessés de guerre, anciens combattants, la Loterie Nationale et de la Confédération des buralistes a décidé de mettre cette pépite sur le marché, dans le cadre de son programme de privatisation. Le précédent de la Seita en 1995 montre qu’une telle opération n’est pas impossible.
Un porte-avions nucléaire
Au vu du caractère sensible des jeux et des sommes qu’ils brassent, l’Etat ne peut se désengager complètement de la FDJ. D’abord parce que l’entreprise lui verse chaque année une somme rondelette prélevée sur son produit des jeux (les mises moins les gains encaissés par quelques 26,1 millions de joueurs) : 3,4 milliards l’an dernier, soit 1 % du budget de l’Etat ou un porte-avions nucléaire sans ses appareils. Ainsi, les services de Bercy et les tutelles de l’entreprise (les ministères de l’intérieur et de l’agriculture), ses co-actionnaires et les banquiers conseils s’attacheront à fixer un seuil minimum de présence publique dans le tour de table, afin d’éviter une répétition des polémiques liées à la privatisation des autoroutes.
De quoi rémunérer généreusement ses actionnaires
Le tout en valorisant une entreprise plus que rentable : l’an dernier, elle a reçu 15,1 milliards d’euros de mises (une somme en hausse de 800 millions par rapport à 2016) et versés 10,1 milliards en gains. Soit un produit des jeux de cinq milliards. Une fois défalquées la part de l’Etat et la rémunération de ses quelques 30 800 points de vente, la FDJ dispose de 818 millions de marge brute. Reste à rémunérer ses salariés et à financer un important budget marketing à coups d’achats d’écrans publicitaires et à investir pour accélérer sa digitalisation (les tickets électroniques pèsent désormais 10 % de ses ventes). Ce qui laisserait une rentabilité nette entre 550 et 300 millions. Largement de quoi rémunérer généreusement des actionnaires à la recherche d’une valeur de rendement : un cours déconnecté des cycles conjoncturels, sauf pour s’apprécier en cas de croissance négative, car l’espoir d’un gain facile et pas cher pullule en période de récession. Et des dividendes plutôt replets.
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A moins que la future autorité de régulation ne charge la barque. D’abord pour la lutte contre les addictions. Sans oublier, outre la préservation du patrimoine, l’aménagement du territoire : bien souvent le bar-tabac-loto-épicerie demeure le commerce de certains villages. Surtout, les régulateurs pourraient saisir cette opportunité de la privatisation pour ‘ouvrir le jeu’ à d’autres acteurs, afin de limiter la part de marché hégémonique de la FDJ : 50 % des mises, le solde aux Paris sportifs, PMU, Casinos et cercles, poker en ligne, etc.
Reste une question de taille pour ses futurs actionnaires : quel cadeau remis à l’issue des futures assemblées générales ? Un goodie ou gadget à ses armes ou une pochette de jeux à gratter comme elle en édite pour Noël, la Saint-Valentin, etc. ? Imaginons ensuite un ou une brave actionnaire se découvrant vainqueur de l’Euromilion…