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Tesla reste en Bourse : pourquoi Elon Musk, le PDG, a-t-il abandonné son projet de retrait ?

Elon Musk, co-fondateur et PDG de Tesla, le constructeur américain de voitures électriques écoute l’avis de ses actionnaires et décide finalement de rester en Bourse. Retour sur les rebondissements dans le projet de retrait avorté au bout de seulement trois semaines.
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Crédit photo : David Zalubowski/AP/SIPA.

Tesla ne sortira finalement pas de la Bourse. Trois semaines après avoir surpris la sphère financière en annonçant sur Twitter un projet de retrait de cote, Elon Musk le patron emblématique de ce constructeur automobile américain change son fusil d’épaule. Vendredi dernier, il a en effet fait marche arrière en indiquant que la société, introduite sur le Nasdaq en 2010, resterait cotée.

20% de prime

Pourtant sa décision initiale semblait ferme. Dès le 7 août, Elon Musk a, d’une part, indiqué un prix pour le retrait en Bourse du spécialiste des voitures électriques : 420 dollars par action, soit une prime de 20% par rapport au cours de Bourse de Tesla à cette date (autour de 350 dollars). Il a d’autre part mentionné que le financement de cette opération de retrait était assuré ! Quelques jours après, le 13 août, il a justifié cet argument par un soutien du fonds souverain saoudien, le Public Investment Funds. Ce dernier, qui a acquis sur le marché 5% d’actions du constructeur fin juillet, aurait contacté à plusieurs reprises le patron de Tesla pour l’inciter à privatiser la société.

Une trop grande pression boursière

Outre les aspects techniques, Elon Musk a aussi détaillé le côté pratique d’une sortie de la Bourse. Parmi ses arguments, il a mis en avant une plus grande efficacité opérationnelle pour Tesla en évoluant dans un environnement privé. Selon lui, la pression boursière serait trop importante pour le constructeur, qui a enregistré des ventes record à près de 3,8 milliards de dollars à fin juin 2018 mais reste toujours en pertes. « Etre coté en Bourse soumet Tesla au cycle trimestriel des bénéfices, ce qui pèse sur nos prises de décisions qui peuvent convenir pour un trimestre donné, mais pas nécessairement sur le long terme », a précisé Elon Musk dans un communiqué officiel. Si cet argument a été entendu, même par le président des Etats-Unis qui envisage de supprimer l’obligation légale de publier des résultats trimestriels pour les entreprises américaines cotées, cela n’a pas convaincu l’ensemble des actionnaires de Tesla.

« S’il vous plaît, ne faites pas cela »

Ceux-ci ont clairement incité le PDG, détenteur de plus de 20% du capital, à abandonner son projet. Durant ces dernières semaines Elon Musk a sollicité les conseils de la société de gestion spécialisée dans les technologies Silver Lake, et des banques d’affaires Goldman Sachs et Morgan Stanley pour mener à bien cette opération tout en s’entretenant avec les différents actionnaires, principalement des grands gestionnaires d’actifs (Fidelity, T Rowe Price Associates, Baillie Gifford & Co…). Mais de nombreux freins ont été soulevés. Plusieurs investisseurs institutionnels ont expliqué qu’ils ne suivraient pas en cas de retrait, compte tenu de leurs limites d’investissement dans la sphère privée. Ce schéma est aussi vrai pour les actionnaires individuels qui ont moins facilement accès au capital de sociétés non cotées. « Bien que la majorité des actionnaires avec lesquels je me suis entretenu ont déclaré qu’ils resteraient avec Tesla si nous devenions privés, le sentiment, en un mot, était « s’il vous plaît, ne faites pas cela » », a résumé Elon Musk.
Reste à savoir si ce nouveau rebondissement dans la stratégie de Tesla va permettre à son cours de Bourse de se redresser à court terme. Si juste après le tweet du projet de retrait de la cote, l’action de Tesla avait bondi de 11%, elle a ensuite perdu 15 % jusqu’au 24 août, pour s’élever à seulement 322 dollars par action. Les investisseurs craignaient à juste titre que ce projet de retrait n’aboutisse pas.