La Bourse de Paris de nouveau en proie au doute face à la propagation du virus
L’indice CAC 40 perdait près de 1% en début de matinée. Les nouvelles sur le front sanitaire restent mauvaises, notamment aux Etats-Unis, et les derniers investisseurs qui espéraient une reprise forte et rapide semblent rendre les armes.

Après son fort recul de la séance précédente, la Bourse de Paris accentuait son repli en début de matinée. Le CAC 40 cédait près de 1%, en raison des craintes liées à l’évolution sanitaire et économique.
« La hausse record du nombre de cas dans de nombreux Etats américains depuis le début de semaine commence à inquiéter les investisseurs et notamment ceux qui pensent encore que l’économie va rebondir dès le troisième trimestre », écrit Vincent Boy, analyste chez IG France.
D’autant que les espoirs de reprise rapide ont été mis à mal par le Fonds monétaire international qui a prévenu que la reprise après cette « crise pas comme les autres » serait plus lente qu’espéré, et qui a présenté des perspectives plus sombres que prévu.
Ainsi, l’économie mondiale devrait reculer de 4,9% cette année : bien plus que les 3% anticipés en avril en plein cœur de la pandémie, et le PIB américain devrait s’effondrer de 8% cette année, bien au-delà des 5,9% de recul estimés en avril.
Le seuil des dix millions de cas de Covid-19 dans le monde devrait être atteint la semaine prochaine alors que l’épidémie n’a pas encore atteint son pic dans la région des Amériques, a averti mercredi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
De plus, « les relations entre l’Union Européenne et les Etats-Unis semblent également se détériorer, à en croire les menaces de l’administration américaine de mettre des droits de douane sur les produits importés de la zone euro », souligne M. Boy.
L’administration américaine a allongé encore sa liste d’une trentaine de nouveaux produits européens susceptibles d’être frappés de taxes punitives et dont les importations aux Etats-Unis se montent à quelque 3,1 milliard de dollars.
Pour M. Boy, « cela ressemble davantage à un moyen de détourner l’attention des investisseurs des vrais problèmes ».
Prudence sur le rythme de la reprise
La séance sera chargée en indicateurs économiques américains, avec les commandes de biens durables aux Etats-Unis, qui donneront un aperçu de la puissance du rebond sur le mois de mai, la dernière estimation de la croissance américaine du 1er trimestre ou encore les inscriptions hebdomadaires au chômage.
En dépit de certains signaux positifs des dernières semaines, les observateurs restent prudents sur la suite de l’évolution économique.
Ainsi, le retour à la croissance ne pourra être évalué « qu’à partir du mois prochain afin de prendre des statistiques comparées à une situation hors confinement », prévient M. Boy.
Un rebond des commandes de biens durables « ne doit pas faire illusion », tempère aussi Christian Parisot, analyste du courtier Aurel BGC.
« L’incertitude sur les perspectives de demande devrait induire un comportement très prudent des chefs d’entreprise dans la gestion de leurs stocks et dans leur comportement d’investissement », explique-t-il.
Seules trois valeurs surnagent dans le CAC 40
Safran poursuivait sa glissade de la veille (- 2,74%), tout comme Atos (- 2,51%). Le compartiment du luxe pâtissait de la conjoncture économique : LVMH (- 1,67%) et Kering (- 1,88%).
Parmi les trois rescapés dans le vert, Renault prenait 1,05%, Unibail-Rodamco-Westfield + 0,12% et Worldline + 0,14%.
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Au sein du SBF 120, Pierre et Vacances reculait de 1,42%, le groupe s’attendant à une chute de 90% de son activité au troisième trimestre de son exercice 2019/2020, tout en faisant état de tendances « encourageantes » pour le quatrième trimestre.
Sodexo cédait 0,07% après avoir indiqué qu’il allait exercer son droit au remboursement d’un encours de 1,6 milliard de dollars (1,4 milliard d’euros) de placements privés américains, « pour préserver sa liberté d’action ».