L’AMF, rassurée par le bon fonctionnement des marchés, inquiète de l’émergence de nouveaux risques
Si les marchés ont bien fonctionné en plein cœur de la crise, de nombreux risques perdurent selon l’Autorité des marchés financiers qui s’inquiète en premier lieu de la dégradation de la situation financière des entreprises et des Etats.

L’Autorité des marchés financiers se félicité du bon fonctionnement des marchés au cœur de la crise, mais s’inquiète des risques d’une nouvelle dégradation de la situation financière des entreprises et des Etats.
« Le défi du soutien économique était rude mais a été relevé. Celui de la relance sera encore plus considérable », a averti le président de l’AMF, Robert Ophèle, à l’occasion de la présentation à la presse de la « cartographie 2020 des marchés et des risques ».
« Jusqu’à début mars, le risque d’un retournement sans précédent lié à une pandémie n’était pas anticipé », mais le marché a réussi à jouer son rôle « pour participer au financement du soutien de l’économie et a gardé sa pertinence pour la future relance », a affirmé M. Ophèle.
Cette expérience a été « rassurante sur la solidité des infrastructures » a ajouté Stéphane Gallon, chef économiste du gendarme financier, ce qui ne doit pas éclipser que « d’autres risques perdurent », du Brexit à la cyber-sécurité.
D’autant plus que les difficultés identifiées avant cette crise, comme « le niveau élevé de l’endettement des agents économiques et celui surévalué de la valorisation de divers actifs » n’ont pas disparu, selon M. Ophèle.
Les cours des actions paraissent « déconnectés » au regard des fondamentaux économiques et de l’absence de prévisions, mais s’expliquent par « les anticipations que les banques centrales seront là pour sauver les marchés quoiqu’il arrive », a poursuivi M. Gallon.
Transformer l’épargne en fonds utiles pour les entreprises
L’endettement des entreprises s’est accru « du fait de la chute de leurs revenus et des mesures de soutien passant d’abord par des prêts. Au niveau mondial, le risque d’insolvabilité constitue une vulnérabilité générale avec la menace de vagues de dégradations de notation », a relevé l’AMF.
« Le risque pesant sur le financement de l’économie fait donc son retour en 2020 et devrait encore se renforcer en 2021. Le recours important à la dette, bancaire ou de marché, représente une vulnérabilité importante à moyen terme, qui appelle une transition vers un modèle de financement reposant davantage sur les fonds propres. Cette recapitalisation de l’économie devrait également prendre en compte la transition verte », a-t-elle complété.
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Si d’un côté, « la situation inédite du confinement a engendré un regain d’intérêt pour la Bourse », constate le gendarme des marchés, d’un autre, l’épargne des ménages « pourrait atteindre un montant supplémentaire de 100 milliards d’euros en 2020 ». « La difficulté est de transformer cette épargne en des fonds utiles aux entreprises », a estimé M. Gallon.