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Introduction en Bourse de la Française des jeux : une opportunité pour l’investisseur individuel ?

L’opérateur du Loto et de divers jeux de hasard sera privatisé avant les aéroports (ADP). Une introduction en Bourse se profile pour l'automne. Si après l’opération l’Etat percevra moins de dividendes, il n'abandonnera pas les milliards de prélèvements fiscaux et sociaux que la FDJ lui reverse. Reste à savoir si l'investisseur individuel ferait une affaire.

« Faites vos jeux » Longtemps attendue, sujet à polémiques, la privatisation de la Française de Jeux (FDJ) interviendra avant la fin de l’année en cours, si les conditions de marché le permettent, comme l’a promis Bruno Le Maire cette semaine sur l’antenne de BFM TV. Alors que la cession de la participation de l’Etat dans Groupe ADP est suspendue au résultat d’un Référendum d’Initiative Populaire, cette opération ramènerait au moins 1,5 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat, en attendant les quelques dix autres milliards escomptés de la mise sur le marché de l’exploitant des aéroports parisiens. Tandis que se profile le lancement l’appel d’offres pour le choix des banques conseil de l’opération, l’été sera consacré à la rédaction du document de base à destination de l’AMF, pour une IPO ou introduction en Bourse calée à l’automne prochain.

Réveil d’un actionnariat individuel

Populaire et entourée de toutes les précautions, la privatisation de la FDJ pourrait réveiller un actionnariat individuel en convalescence depuis la fin des années 2000 et leur série de crises financières. Le Ministre des finances et diverses sources proches du dossier évoquent une participation publique, aujourd’hui de 72 % du capital, ramenée entre 25 et 30 %. Sans que les autres actionnaires ne voient leur part diluée : l’Union des Blessés de la Face et de la Tête (9,23 %), la Fédération André Maginot pour les Anciens Combattants (4 %). Quant aux salariés de la FDJ (5 %), ils recevront eux aussi des actions de leur entreprise. Quant aux risques d’encourager l’addition au jeux et le blanchiment d’argent, l’Etat va y parer en renforçant les compétences de l’Arjel, le régulateur des jeux en ligne et de hasard.

Une affaire pour l’investisseur individuel ?

Reste à savoir si l’investisseur individuel ferait une affaire. Sur le papier, oui bien que l’affirmation soit formulée sans le moindre début de valorisation de la FDJ. D’abord parce qu’il s’agit du second marché européen en termes de ‘mises’ : 15,8 milliards d’euros l’an dernier, un chiffre en hausse de 4,4 %, pour vingt-six millions de joueurs. Ensuite parce que les jeux de grattage et autres lotos de la FDJ lui laissent de meilleures marges que les bandits manchots des casinos : le taux de retour aux joueurs des premiers oscille autour de 67 % des mises contre 95 % pour les seconds. Mais voilà : ces sommes subissent des prélèvements sociaux et fiscaux conséquents : 3,5 milliards, dont 3,3 milliards pour les caisses de l’Etat. Bercy le martèle : pas question pour l’état et les organismes sociaux de faire une croix sur ses recettes en ces temps de disette budgétaire ! Au bout du compte, la FDJ a ainsi réalisé un chiffre d’affaires 2018 de 1,8 milliards, en progrès de 2,4 %, pour un résultat net de 170 millions. Reste un dividende plutôt juteux pour l’état, actionnaire à hauteur de 72 % : 89 millions d’euros.