Se connecter S’abonner

« Crypto-arnaques : ne négligez pas les signaux d’alerte ! »

Kim Grauer, directrice de la recherche de Chainalysis dresse un bilan des escroqueries les plus fréquentes dans les cryptomonnaies et les pistes pour les éviter.

Kim GRAUER, directrice de la recherche de Chainalysis

Malgré quelques turbulences, le cours des cryptomonnaies reste très élevé, tandis que leur utilisation progresse toujours plus. Autant d’occasions de nature à tenter des escrocs. Kim Grauer, la directrice de la recherche de Chainalysis, plateforme de données liées à la blockchain, dresse un bilan de la criminalité sur ces actifs. Et elle livre quelques conseils pour les éviter. 

La criminalité sur les cryptomonnaies est-elle en augmentation ?

Kim Grauer : Elle augmente mais reste très faible si on la rapporte au montant total des transactions effectuées l’an dernier. Nous l’évaluons à 14 milliards de dollars, ce qui montre une hausse de 79 % par rapport à 2020. Cette progression reste cependant moins rapide que celle du nombre et du montant des flux échangés en cryptomonnaies de manière générale. Une des raisons de cette hausse est l’essor de la finance décentralisée (DeFi). Elle permet de réduire la dépendance aux banques et aux assureurs, ce qui crée de nouvelles opportunités d’arnaques, de fraudes et de crimes, notamment les « rug-pulls », à savoir le fait de créer un projet avant de s’en aller brusquement en vidant les fonds apportés par les investisseurs.

Quelles sont les escroqueries les plus fréquentes ?

KG : Sur la plus haute marche du podium, on retrouve les escroqueries sur la base de promesses de rendements ou de plus-values faramineuses. Ces arnaques représentent plus de 4 milliards de dollars de fonds détournés. Elles fonctionnent selon des schémas très connus comme la pyramide de Ponzi. Il n’y a donc rien de nouveau ! La criminalité cryptographique n’échappe pas aux pratiques illicites traditionnelles. Nous retrouvons ensuite les piratages et contrefaçons de sites marchands officiels qui représentent 3,2 milliards de dollars de dommages. Nous constatons également la hausse des ransomwares ou logiciels malveillants et autres attaques ou intrusions contre des infrastructures critiques.

Comment les éviter ?

KG : Rétrospectivement, beaucoup de victimes de ces arnaques se souviennent avoir négligé l’apparition de signaux d’alertes au cours de leur navigation ou transaction. Méfiez-vous bien sûr des promesses de gains irréalistes, soyez attentif au style des messages, à l’orthographe, etc. Évitez aussi les propositions émanant de sites ou d’entités opérant depuis une localisation exotique, un paradis fiscal ou un pays où la réglementation est très laxiste. Montrez-vous autant attentif aux pratiques de sécurité sur le marché des cryptomonnaies que lorsque vous investissez dans tout autre type de business.

Faut-il privilégier un établissement financier traditionnel ou un pure player en ligne pour investir ?

KG : Les banques, assureurs et sociétés de gestion d’actifs traditionnelles ont une plus grande expérience de la conformité et du respect des régulations. La lutte contre le terrorisme et en particulier contre ses flux financiers leur ont permis d’accomplir de gagner en efficacité. Ce souci du respect des conformités et des régulations doit encore plus les guider lorsqu’elles se lancent dans la blockchain ou sur le marché des cryptomonnaies. Les acteurs de la finance traditionnelle ont conscience des ravages d’être accusées de ne pas en avoir fait assez avant de démarrer leurs activités dans la DeFi, la blockchain ou sur le marché des cryptomonnaies.

La lutte contre le blanchiment par les cryptomonnaies progresse-t-elle ?

KG : Les  cryptomonnaies sont utilisées pour blanchir des capitaux en dollar, en sterling ou en euro. C’est un fait. Néanmoins, le fait que chaque transaction et chacune des étapes soit enregistrée dans la blockchain apporte plus de transparence et plus d’efficacité que dans la finance traditionnelle.