« L’épargne financière de long terme devrait tirer son épingle du jeu »
Trois questions à Gilles Belloir, directeur général de Placement-Direct.fr.

L’assurance vie peut-elle profiter du surplus d’épargne des Français, qui pourrait avoisiner les 200 milliards d’euros fin 2021 ?
Gilles Belloir : Depuis une année maintenant, une partie des français a en effet accumulé beaucoup d’épargne. A court terme, il ne fait aucun doute qu’une fraction non négligeable de celle-ci sera soit consommée, lorsque les restrictions d’accès aux loisirs seront levées, soit conservée sur des livrets afin de gonfler l’épargne liquide.
Une fois l’horizon sanitaire dégagé, des projets d’investissement de plus long terme verront le jour. L’immobilier devrait comme souvent retenir l’attention des épargnants. Les Français sont viscéralement attachés à la pierre et les taux d’emprunt demeurent à des niveaux historiquement bas.
Cela dit, l’épargne financière de long terme devrait également tirer son épingle du jeu. L’assurance vie, couteau suisse du patrimoine, et le nouveau PER, dédié à la préparation de la retraite, ont de sérieux atouts. D’ailleurs un regain d’intérêt s’observe déjà dans les chiffres fournis par la Fédération française de l’assurance (FFA). Par exemple sur le seul mois de février 2021, les versements en assurance vie sont en hausse de 8% par rapport au même mois de l’année précédente.
Les contrats d’assurance vie et PER en ligne peuvent-ils encore faire la différence avec les produits des assureurs traditionnels, au niveau des tarifs surtout ?
G. B. : Les premiers contrats en ligne ont été commercialisés il y a une vingtaine d’années. La particularité d’un contrat d’assurance vie ou d’un PER en ligne est d’être à la fois haut de gamme en proposant une offre financière de premier plan. Et ce, tout en faisant bénéficier l’épargnant de prix dégriffés.
Le volet tarifaire demeure un élément fondamental. En période de taux bas, l’écart entre un contrat en ligne sans frais d’entrée et un contrat « standard » plus chargé est d’ailleurs encore plus visible. Alors qu’il ne fallait au début des années 2000 qu’une petite année de rendement du fonds en euros pour rattraper des frais d’entrée de 3 à 4 %, il faut compter le triple aujourd’hui. Inconcevable pour beaucoup. Sans parler des écarts significatifs que l’on retrouve également sur les frais de gestion, qui rappelons-le sont les frais les plus lourds à long terme.
Le digital est une autre particularité des acteurs en ligne qui augmente encore leur attrait. Le confinement lié à la pandémie de Covid-19 a d’ailleurs accéléré cette tendance. La dématérialisation de la souscription et des actes de gestion – arbitrages, versements… – proposée par les courtiers en ligne a permis d’assurer une continuité des services attendue par de nombreux clients.
Les perspectives pour l’épargne et le pouvoir d’achat des Français restent-elles favorables alors que la crise s’éternise ?
G. B. : Ce sont toujours pendant les crises que les plus belles opportunités d’investissement se présentent. Certains de nos clients ont ainsi profité de marchés financiers très chahutés au printemps dernier pour investir à des niveaux très bas. Depuis, les grands indices boursiers ont retrouvé leurs plus hauts.
Une chose est sûre, pour profiter d’opportunités et soutenir son pouvoir d’achat il faut prendre en main son épargne. Un premier bon moyen est de chasser les frais superflus. Car c’est automatique : moins de frais c’est davantage de performance. En outre, le seul fonds en euros garanti en capital à tout moment ne suffit plus à espérer une rémunération satisfaisante. Pour envisager mieux, la seule solution est d’agrémenter son contrat de des supports en unités de compte potentiellement plus performants mais qui n’offrent aucune garantie sur le capital. Enfin, il faut être méthodique en privilégiant un investissement progressif de son épargne et en ayant surtout à l’esprit de respecter son profil investisseur : ni trop risqué ni trop peu.