Nicolas David, analyste secteur technologies chez ODDO BHF : « La digitalisation des entreprises s’accélère »
Trois questions à Nicolas David, analyste secteur technologies chez ODDO BHF.

Comment a évolué le marché des services numériques en 2020 ?
N. D. : Tous les acteurs du secteur ont été surpris par l’ampleur de la pandémie, et n’étaient pas vraiment préparés à opérer à distance. D’autant que les missions pour les SSII s’effectuent la plupart du temps chez les clients. Les sociétés se sont ensuite rapidement mobilisées pour télétravailler. Le repli de l’activité a alors été limité à 5%, et il était lié aux secteurs en difficulté. Cette tendance s’est confirmée au second semestre. Au total, les chiffres d’affaires devraient se replier en moyenne de 3 à 5% sur l’année. Les mesures d’économies mises en place rapidement ont permis de contenir l’érosion des marges, sachant que les sociétés de services du numérique ont très peu eu recours au chômage partiel.
L’année 2021 devrait évoluer sur la lancée de la seconde partie de 2020. Les carnets de commandes sont bons, signer des contrats à distance ne posant aucun problème. La croissance pourrait atteindre de 3 à 4% au second semestre.
Quels sont les principaux moteurs de croissance du secteur ?
N. D. : Le premier est évidemment l’accélération de la digitalisation des entreprises, et notamment de l’expérience client. Prenez l’exemple des banques et des assurances, le client ne doit plus avoir besoin de se rendre dans une agence. La digitalisation de l’industrie constitue un autre moteur de croissance. Les produits sont de plus en plus connectés, et les lignes de production automatisées. Les industriels doivent pouvoir collecter les données via des plateformes pour ensuite s’en servir pour améliorer d’une part les produits, et d’autre part leur productivité.
Sur un plan boursier, la consolidation du secteur va-t-elle se poursuivre ?
N. D. : Les grands acteurs français sont ambitieux, mais ils sont déjà très exposés au marché national. Ils vont plutôt rechercher des cibles aux Etats-Unis ou en Asie. On devrait assister à une consolidation pan-européenne, ou à des opérations initiées par des groupes américains. Le mouvement prendra du temps dans la mesure où peu de sociétés sont vraiment en difficulté. Et les fondateurs des SSII de taille moyenne, nombreuses cotées à paris, souhaitent porter leurs sociétés de leur vivant.