« Nous ne conseillons plus aux épargnants d’investir l’intégralité de leur capital dans les fonds en euros »
Trois questions à Stellane Cohen, présidente d’Altaprofits.

Les fonds en euros sont à nouveau attendus à la baisse. Est-il toujours intéressant de se positionner dessus ?
Stellane Cohen : C’est certain, les taux de rendement 2020 des fonds en euros seront en baisse, compte tenu notamment des taux d’intérêt extrêmement bas. Nous ne conseillons plus aux épargnants d’investir l’intégralité de leur capital dans les fonds en euros. En effet, ces derniers ne répondent plus à la construction et à la protection d’un capital dans le temps à cause de l’érosion monétaire notamment. Nous guidons les épargnants dans le choix d’unités de compte : immobilières, OPC, actions… en tenant compte de leur profil investisseur, de leur projet et de son échéance. D’ailleurs, les assureurs renforcent drastiquement les conditions d’accès à la fois à l’entrée mais également lors du reversement. C’est une attitude responsable pour préserver notamment les intérêts des épargnants qui leur ont déjà confié leur épargne par cet effet mécanique.
Quelles sont les solutions pour obtenir du rendement, alors que les taux obligataires sont au plus bas ?
Stellane Cohen : 27% des Français déclarent épargner pour financer, avant tout, un projet*. Il est clair que le rendement est le point clé. Nous invitons les épargnants à s’interroger : veulent-ils gérer seuls leur placement ou, tout, au contraire, souhaitent-ils par manque de temps ou de connaissance confier leur épargne à un professionnel de la gestion d’actifs ? Puis, l’épargnant doit bien définir son profil investisseur : est-il plutôt prudent ou, au contraire offensif, prêt à prendre plus de risques, à être davantage exposé ?
Après cela, il faut l’interroger sur son projet et son horizon : s’il a 20 années devant lui, il pourra alterner forte exposition aux risques puis moindre après coup. A noter qu’une forte exposition sur des marchés volatils lui donnera la possibilité de saisir des opportunités. Enfin, il y a les règles simples comme celle de diversifier ses actifs, tant de manière sectorielle que géographique. Par exemple certains fonds thématiques sont porteurs comme la biotech, les technologies, les énergies renouvelables, les infrastructures….
Le nouveau Plan d’épargne retraite marche-t-il sur les plates-bandes de l’assurance vie ? Est-il préférable d’opter pour ce dernier, ou du moins y voir un complément pertinent ?
On ne peut pas comparer PER et assurance vie, simplement car ils ne répondent pas au même objectif ! Le PER permet de se constituer un complément de revenu à la retraite, tandis que l’assurance vie permet de se constituer une épargne de long terme, qui permettra de financer un projet ou de transmettre un patrimoine. D’ailleurs au-delà de 70 ans, elle est plus favorable, d’un point de vue successoral, que le PER. Ceci dit, nous recommandons aux épargnants d’avoir les deux et de les alimenter tactiquement tout au long de leur vie. Rappelons que le PER est accompagné d’un dispositif fiscal permettant de déduire les primes versées de son revenu imposable. Ce qui n’est pas négligeable dès que l’adhérent est à une tranche d’imposition supérieure à 30%.
Le PER est donc une « brique » indispensable qu’il faut avoir dans son patrimoine. C’est un véritable outil de préparation de la retraite par capitalisation en complément des régimes obligatoires. Et ce dans la mesure où ils ne permettent pas un taux de remplacement à 100%, le taux moyen actuel en France étant de 55%. Il va également accompagner chaque individu tout au long de sa carrière. Car le PER peut être le réceptacle de toute l’épargne retraite : collective Art 83, Perp, Madelin, etc.
*Baromètre Altaprofits de l’épargne en France et en régions, sondage IFOP pour Altaprofits réalisé en août 2020.