Immobilier : bientôt des taux de crédit à 2% ?
Après avoir flirté avec un pourcentage inférieur à 1% fin 2021, la remontée des taux de crédit immobilier est bien présente en ces temps d’inflation. Détails.

Et si les taux de crédit immobilier atteignaient 2% ? Après avoir flirté avec un pourcentage inférieur à 1% fin 2021, la remontée se profile. Et c’est un fait notable car ce seuil n’a pas été franchi depuis six ans, à une période où l’inflation était quasi-nulle, rappelle Le Figaro immo. Pour rappel, elle atteint aujourd’hui plus de 5%. De facto, le taux d’endettement de l’État sur dix ans (OAT dix ans) s’inscrit dans une trajectoire similaire. Il était de 0,4% au début du mois de mars. Trois mois plus tard, il a augmenté de 1,8%. Début mars, il était de 0,4%. Afin de conserver des marges raisonnables, les banques doivent augmenter les taux de crédit de façon importante.
Sur vingt ans, les taux communiqués par les banques aux courtiers, pour le mois de juin, s’élèvent à 1,54% et 1,68% sur vingt-cinq ans. Mais la réalité est tout autre. Les emprunteurs se voient proposer des taux plus importants : sur vingt ans, autour de 1,65% et 1,75% sur 25 ans, en moyenne. C’est ainsi que s’approche la barre symbolique des 2%. « Cette barre est déjà allègrement dépassée pour les profils moins aisés (moins de 4000 euros par mois à deux) sur vingt-cinq et même vingt ans », commente Maël Bernier, de Meilleurtaux.com. D’autres profils pourraient être concernés par cette augmentation des taux dans les prochaines semaines, suivant l’hypothèse très plausible que la Banque centrale européenne rehausse ses taux directeurs ; lesquels perturbent les taux de crédit immobilier.
« Effet ciseau »
Les banques établissent des taux supérieurs de 100 points de base à l’OAT (1,8% aujourd’hui), soit 2,8% afin de s’assurer des marges confortables. Pourtant, la loi n’autorise pas les établissements bancaires à imposer des taux supérieurs aux taux d’usure. Actuellement, celui-ci est de 2,4%. « De plus en plus de grandes banques m’ont confié qu’elles allaient ralentir voire arrêter les crédits immobiliers à ces conditions financières », explique Maël Bernier. Et pendant que les taux de crédit augmentent, le taux d’usure, calculé sur la moyenne des taux pratiqués par les banques pendant un trimestre, baisse. Ce qui amène un « effet ciseau », fermant la porte aux aspirations de certains emprunteurs, en particulier les primo-accédants.
Faut-il alors craindre un blocage du marché immobilier ? « Nous n’avons pas constaté que la hausse des taux se traduit par des évictions », rapporte François Villeroy de Galhau. Du côté du ministère de l’Économie, on indique observer « au plus près » l’accès au crédit immobilier des ménages. Une mise à jour du taux d’usure mensuelle plutôt que trimestrielle serait également à l’étude, dans le but de se calquer au maximum sur le marché actuel. « La période est compliquée mais pas désespérée, tempère Maël Bernier. Avec une inflation à 5%, vous allez rembourser plus vite, vos revenus étant en principe revalorisés en fonction de l’inflation contrairement à votre emprunt qui, lui, va rester fixe », ajoute-t-il. Normalement.