Immobilier : une correction guette l’ancien
Les professionnels de l’immobilier reconnaissent que le marché décélère. Pour autant, la prudence reste de mise pour 2023.

L’atterrissage de l’immobilier se fera-t-il dans la douleur ? Cette question est sur toutes les lèvres, alors qu’un vrai coup de frein est intervenu récemment sur le marché de l’ancien, en lien principalement avec la remontée spectaculaire des taux d’intérêt, quasiment triplés en un an et en raison du durcissement des conditions d’accès au crédit, taux d’usure obligent. « 2022 a marqué un retournement, reconnaît Charles Marinakis, président de Century 21. Les transactions qui étaient encore florissantes au premier semestre ont connu un vrai ralentissement depuis l’été. » Pour Thomas Venturini, co-fondateur de la néo-agence Liberkeys, le marché s’est complètement détendu : « d’un côté, les acheteurs sont devenus moins nombreux, avec des projets plus réfléchis et de l’autre, les propriétaires campent sur leurs positions, sauf s’ils sont contraints de vendre. »
L’inertie étant importante dans l’immobilier, les prix ont continué globalement de s’apprécier l’an dernier. De l’ordre de 4,6%, selon Meilleurs Agents. Mais avec de grandes disparités selon les territoires. Tandis que les zones rurales se sont revalorisées de 7,5%, les grandes villes ont connu des évolutions plus contrastées (+4,7% au global), avec Bordeaux, Lyon et Paris dans le rouge. « Ces marchés, qui étaient en surchauffe avant la crise sanitaire, corrigent logiquement », explique Thomas Venturini. Faut-il et redouter une baisse généralisée des prix ? Peu de pronostics s’aventurent sur ce terrain glissant. Meilleurs Agents prévoit des prix stables en France en 2023, combiné à une chute de 20 à 30% du nombre de transactions, quand le réseau Laforêt évoque un marché tout en nuances, au sein duquel « les départements et communes bon marché pourraient connaître une hausse des prix, quand les plus chers risquent de baisser. »
Car une mamelle de l’immobilier reste toujours en place : le bon taux d’emploi des Français. Pour autant, les cartes risques d’être rebattues, avec des transactions de plus en plus guidées par la question du « coût d’habitation » dans son ensemble, incluant l’énergie pour se chauffer et les transports pour se rendre au travail. De quoi mettre un terme à la préférence pour les maisons ? Cela est probable.