Pourquoi la baisse des taux de la Fed n’a pas rassuré les marchés
La décision surprise de la Fed de baisser ses taux directeurs a plus suscité des craintes que permis de rassurer les marchés.

La décision surprise de la banque centrale américaine (la Fed) de baisser son principal taux directeur de 50 points de base pour le ramener à 1% n’a pas convaincu les investisseurs. Pire, elle a même suscité un mouvement de défiance en donnant l’impression d’acter la gravité de la situation. Le Dow Jones s’est replié de 2,94% et le Nasdaq de 2,99% le mardi 3 février à la suite de l’annonce.
Le Président de la Fed, Jerome Powell, a justifié ce mouvement, décidé à l’unanimité, par les nouveaux risques que l’épidémie de coronavirus pourrait faire peser sur l’économie américaine. Mais le timing laisse circonspect.
« La baisse des taux décidée en urgence par la Fed était censée renforcer la confiance », mais elle a plutôt ravivé la crainte « que le coronavirus soit susceptible de provoquer un ralentissement économique majeur », estime l’économiste Joel Naroff, cité par l’AFP.
Les analystes estiment que les banques centrales ne sont pas en mesure de résoudre la crise, d’autant que les taux n’ont jamais été aussi bas dans les pays développés.
« La question de savoir si la baisse des taux permettra de compenser l’affaiblissement de la demande générée par le coronavirus, la réponse est probablement non », a ainsi estimé Karl Haeling de LBBW à l’AFP. « Si vous ne voulez pas faire un voyage d’affaires ou aller à un concert, le fait que la Fed abaisse ses taux ne changera probablement pas votre décision, qui se fonde sur votre peur du virus. »
Les marchés attendent surtout une réponse budgétaire
Alors que la propagation de l’épidémie s’amplifie et qu’aucune visibilité n’est pour l’instant possible sur l’impact sur l’économie mondiale, « une baisse trop rapide des taux d’intérêt pourrait conduire les banques centrales à se retrouver sans aucune possibilité pour soutenir la croissance si la crise sanitaire venait à durer plusieurs mois encore », indique Vincent Boy, Analyste marché chez IG France, dans une note.
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Cette intervention précipitée a aussi donné le sentiment que la réserve fédérale répondait aux injonctions politiques de Donald Trump plus qu’elle n’agissait pour résoudre un véritable besoin économique.
Les marchés attendent surtout que les gouvernements agissent. C’est d’ailleurs le message que les ministres des Finances des pays du G7 ont essayé de faire passer un peu plus tôt dans la, journée en déclarant « être prêts à prendre des mesures budgétaires » si la crise s’installait durablement.