Se connecter S’abonner

Les Bourses: de nouveau en chute libre de l’Asie à l’Europe

Les marchés s’effondrent de nouveau un peu partout dans le monde en raison de la propagation rapide du coronavirus qui fait redouter une récession économique mondiale. Les efforts des banques centrales qui ont mené des opérations concertées pour amoindrir le choc n’ont pas permis de rassurer les investisseurs.

Chute record en Australie, nouveaux reculs au Japon et en Chine, où l’étendue des dégâts se révèle encore pire que prévu : les Bourses ont piqué du nez lundi 16 mars de l’Asie-Pacifique à l’Europe malgré les efforts des banques centrales pour amoindrir l’impact économique du nouveau coronavirus.

Inquiétude des marchés financiers

L’explosion du nombre de cas de contaminations dans le monde, particulièrement en Europe, tétanise les places financières, qui redoutent une récession économique mondiale.

Après les pertes historiques de la semaine dernière, la Bourse australienne a ouvert la semaine par une chute inédite de 9,7%. La Bourse de Hong Kong a fini en baisse de plus de 4%, idem pour celle Shanghai (- 3,4%) et celle de Shenzhen (- 4,83%) et Tokyo (- 2,46%).

Les places européennes ont toutes piqué du nez, de plus de 5% à l’ouverture. Le CAC 40 s’effondrait même de plus de 8% à la moitié de la matinée.

« Les marchés comprennent que la récession est presque garantie. Les autorités aident en injectant de l’argent mais ne peuvent la stopper », écrit Jasper Lawler, analyste pour London Capital Group.

Des mesures concertées des banques centrales

La Banque centrale américaine (Fed) a abaissé brutalement dimanche son taux à 0%-0,25% et annoncé une injection de liquidité de 700 milliards de dollars. La dernière fois que la Fed avait abaissé ses taux à un tel niveau remonte à décembre 2008, au cœur de la crise financière dite des « subprimes ».

Parallèlement, la Fed, la Banque centrale européenne et les Banques centrales du Japon, Royaume-Uni, Canada et de Suisse, ont assoupli les conditions auxquelles elles s’échangent des devises entre elles, afin de pouvoir garantir un approvisionnement suffisant des marchés en dollars.
Ces interventions, prévues pour rassurer les marchés, n’ont pas eu l’effet escompté.

« Ce geste n’a actuellement aucun effet sur les indices Futures (contrats à terme aux Etats-Unis) qui se sont encore une fois mis en mode coupe-circuit cette nuit », observe Vincent Boy, analyste marché chez IG France.

En clair : Wall Street pourrait ouvrir en forte baisse, si l’on en croit les indications des titres à termes, qui préfigurent souvent l’humeur au début de la séance officielle. Et en baisse assez forte pour activer les « coupe-circuits », un dispositif de suspension des échanges lorsque la volatilité est trop forte. Le manque de liquidités fait craindre aux marchés une crise financière.

La Banque centrale du Japon (BoJ) a nettement augmenté ses objectifs annuels pour certains de ses rachats d’actifs. Son objectif annuel de rachats de fonds négociés en Bourse a été ainsi doublé à 12.000 milliards de yens (101 milliards d’euros).

Un impact sur l’économie chinoise plus fort qu’anticipé

A l’effondrement des marchés financiers s’ajoute celui des statistiques économiques. Celles-ci se sont révélées nettement pires que prévu en Chine, deuxième économie mondiale. La production industrielle s’est contractée pour la première fois en près de 30 ans tandis que les ventes de détail se sont effondrées.

« Cette baisse de l’activité en Chine pourrait conduire à de nombreux décalages dans l’approvisionnement des sociétés en Europe et aux Etats-Unis et mener de nombreuses sociétés à la faillite », prévient Vincent Boy, analyste marché chez IG France. « Nous pouvons nous attendre au même type de publications dans les autres zones économiques mondiales pour le mois de mars et au-delà », selon lui.

La Banque centrale chinoise a pourtant abaissé lundi le taux de réserve obligatoire des banques, injectant 550 milliards de yuans (70,6 milliards d’euros) pour soutenir l’économie.

A LIRE>>> Coronavirus: la Banque de France veut favoriser les crédits aux ménages et aux entreprises

Mais cela ne suffit pas à soutenir la cote car « le coronavirus continue à se répandre à travers la planète et la demande de biens de consommation recule », a observé le courtier Guangzhou Wanlong Securities.

Les marchés redoutent l’évolution de la pandémie aux Etats-Unis, qui représente un risque de récession même si le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, parle pour l’instant de « ralentissement ». Le président de la Fed, Jerome Powell, a déjà prévenu que l’économie américaine serait « faible » au deuxième trimestre. Sur le marché des changes, l’euro grimpait de 1% face au dollar lundi 16 mars matin.