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Réindexation des retraites sur l’inflation : les syndicats de retraités pas convaincus, voire inquiets

Réindexer seulement les petites retraites sur l’inflation n’est pas la bonne voie selon les syndicats de retraités. Eux ne cessent de demander une revalorisation des pensions, quasiment gelées depuis 2013.

inflation
Crédit: iStock.

Une réindexation des « petites retraites » sur l’inflation et non de l’ensemble des pensions serait insuffisante, voire « dangereuse », ont prévenu vendredi des syndicats de retraités, en réaction aux pistes soulevées par le Premier ministre Edouard Philippe au terme du grand débat.

Interrogé vendredi sur Europe 1, Edouard Philippe s’est dit prêt à « regarder » comment il serait « possible » de revaloriser les pensions en suivant l’inflation, reconnaissant que la désindexation décidée pour 2019, très critiquée, « est une vraie préoccupation » pour « beaucoup de nos concitoyens qui touchent des petites retraites ».

Le gouvernement et la majorité avaient eux-mêmes décidé de limiter à 0,3% la hausse des pensions en 2019, soit un niveau bien en-deçà de l’inflation, et prévoyaient de faire de même en 2020.

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Une réindexation différenciée serait « largement insuffisante »

Mais le Premier ministre a assuré entendre « un certain nombre de voix qui disent dans ce cas-là, faisons en sorte pour l’année 2020 de réindexer, en tout ou partie, mais de réindexer, notamment les petites retraites+ ».

Réclamée par les « gilets jaunes », la réindexation a été proposée ces derniers jours par La République en marche (LREM) dans le cadre du grand débat, comme une piste pour redonner du pouvoir d’achat, mais uniquement pour « les retraités modestes ». Pas de quoi satisfaire les syndicats de retraités, qui ne cessent de demander une revalorisation des pensions, quasiment gelées depuis 2013.

Pour Pascal Santoni, de l’UCR-CGT, une réindexation différenciée serait « largement insuffisante ». Elle serait aussi « incohérente et assez dangereuse », car « elle tendrait à diviser une fois de plus les retraités », après la baisse du taux de CSG concédée en fin d’année pour ceux qui touchent moins de 2.000 euros par mois. « Une telle distinction serait redoutable », abonde Didier Hotte (UCR-FO), car la retraite n’est « pas une allocation sociale, mais un droit », en tant que reflet d’une carrière et des cotisations versées.

« Une retraite servie à la carte au bon vouloir du prince » serait en outre « contraire » au futur régime universel promis par le gouvernement, dans lequel « un euro cotisé doit donner les mêmes droits », fait valoir M. Hotte.

De même, Michel Salingue, de la FGR (fonctionnaires), s' »inquiète grandement du pli qui est pris » en traitant la retraite « comme une sorte d’allocation sociale ». Il juge également « totalement inacceptable » d’en faire « une variable d’ajustement du budget ». Leur intersyndicale prévoit une journée d’action le 11 avril, la septième depuis septembre 2017.