Réforme des retraites: pour le patron de la CGT, la CFDT « se trompe » en se réjouissant « du maintien du principe de répartition »
Le secrétaire général de la CGT déclare qu' "avec la réforme, si vous ne cotisez pas, vous n'avez rien...". Le système de répartition serait donc caduque.

Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, estime que son homologue de la CFDT se « trompe » en se réjouissant du « maintien du principe de répartition » du futur système de retraites, car avec la réforme « si vous ne cotisez rien, nous n’avez rien ».
« Quand Laurent Berger se réjouit du maintien du principe de répartition, il se trompe », estime-t-il dans une interview à Libération publiée jeudi. « Ce qui nous est proposé, c’est un système individuel dans lequel chacun va travailler pour lui », ajoute-t-il.
M. Martinez explique qu’aujourd’hui « ce sont les générations au travail qui cotisent pour les générations qui ont travaillé, en prenant en compte les diversités de situation. C’est ça la solidarité ! Je cotise selon mes moyens, je reçois selon mes besoins. Avec la réforme, si vous ne cotisez pas, vous n’avez rien… »
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« Est-ce qu’on pourrait sérieusement éviter de raconter des bêtises? », a rétorqué en soirée sur BFMTV Laurent Berger, après avoir été reçu à Matignon au premier jour d’un nouveau cycle de concertation avec les partenaires sociaux.
« Ceux qui ne cotisent pas aujourd’hui, ils n’ont pas de retraite, et d’ailleurs ceux qui cotisent parfois aujourd’hui n’ont pas une retraite à la hauteur de ce qu’ils ont cotisé », a-t-il fait valoir. « Le système de retraite aujourd’hui, il est injuste, essayons de réparer ces injustices », a poursuivi M. Berger, estimant qu' »il faut se donner jusqu’au printemps 2020 pour traiter toutes les questions ».
Le calcul des pensions manque à l’appel
Le numéro un de la CGT considère en outre que le secrétaire général de la CFDT « évite certains sujets » liés à la future réforme, comme le calcul des pensions. « La réforme prévoit la prise en compte de toute la carrière pour calculer le niveau de la pension, au lieu de regarder, comme aujourd’hui, les 25 meilleures années ».
« Plus on élargit le calcul, plus on risque de voir baisser les pensions, notamment pour les carrières hachées », dit-il.
Le leader cégétiste souhaite que les régimes spéciaux soient maintenus, et même élargis, notamment pour ceux qui ont des emplois pénibles, travaillent la nuit : « Il faut compter les trimestres autrement ». « Avec cette réforme, on essaye aussi d’opposer les cadres aux autres. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un qui a fait cinq ans d’études ne pourrait pas partir à 60 ans à la retraite », interroge-t-il.
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M. Martinez, qui sera lui reçu vendredi à Matignon, propose qu’une partie des études donne droit à des trimestres. Contrairement à la CGT et à FO, la centrale de Laurent Berger est favorable à un système par points. Mais lundi, il a listé « des conditions », comme des avancées sur la pénibilité, les carrières longues, la retraite progressive, une pension minimum à « 100% du Smic » ou les « discriminations dont sont victimes les femmes ».