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Réforme des retraites : l’exécutif au pied du mur

Pour faire passer sa réforme des retraites, le gouvernement a impérativement besoin des Républicains. Et ce n’est pas gagné. Détails.

réforme des retraites
Close up of a senior woman refusing her husband at home.

Sauver la réforme des retraites. Au lendemain d’une deuxième manifestation d’ampleur, qui a mobilisé encore davantage que le 19 janvier, selon les chiffres communiqués par la police et la CGT, le gouvernement cherche à se frayer une trajectoire. Et la tâche n’est pas aisée. Ainsi, Élisabeth Borne, la Première ministre, a tenté de calmer les esprits en s’emparant de son compte Twitter, mardi 31 janvier. « La réforme des retraites suscite des interrogations et des doutes. Nous les entendons. Le débat parlementaire s’ouvre. Il permettra, dans la transparence, d’enrichir notre projet avec un cap : assurer l’avenir de notre système par répartition. C’est notre responsabilité ! », a-t-elle écrit, rapporte France 24.

La réforme des retraites désapprouvée par 72 % des Français

Car les manifestants ont l’opinion de leur côté : la réforme des retraites est rejetée par 72 % des Français, selon un sondage Elabe pour BFM TV. Et le chiffre, déjà en augmentation, pourrait gonfler de nouveau. Pas d’autre solution pour le gouvernement que le bricolage. Il faudra déjà parvenir à conserver l’accord obtenu, début 2023, avec le parti des Républicains (LR). En effet, en raison de la majorité relative des députés Horizons, Modem et Renaissance, 62 voix de députés LR et apparentés sont nécessaires au vote du texte sans avoir à activer le 49.3 ou le 47. 1 et de passer ainsi en force, sans le vote.

Mais l’alliance est fragile et se fragmente au fil des jours. Selon une enquête Radio France, au moins 16 députés LR pourraient voter contre la réforme en l’état. Au sein même de la majorité, le projet divise également et certains députés, au moins 12, pourraient ne pas voter le texte s’il n’est pas modifié, d’après la même source. Si Gabriel Attal, le ministre de l’Action et des Comptes publics a évoqué son « profond respect pour les Français qui se mobilisent », il a souligné le lest déjà cédé aux Républicains sur l’âge de départ qui est « passé de 65 à 64 ans », ainsi que la généralisation de la revalorisation des petites retraites qui « sera aussi pour les retraités actuels » alors qu’elle devait uniquement concerner « les nouveaux retraités ».

Un chemin parsemé d’embûches

Alors, quelles marges de manœuvre reste-t-il ? « On peut encore améliorer les choses sur l’emploi des seniors avec de nouvelles propositions. Sur certaines situations de Français qui ont commencé à travailler tôt ou qui ont eu des métiers pénibles, là aussi on peut continuer à enrichir le projet », a déclaré Gabriel Attal. Cependant, pour le ministre, les femmes n’ont pas compris que cette réforme « fait progresser aussi [leur] situation », supprimant la possibilité d’évoluer sur ce point spécifique. Et le ministre n’en démord pas : si rien n’est fait en France, le pays « aura un gros problème pour payer les pensions de retraite dans les années à venir ».

Mais la contestation sociale, elle, risque de ne pas retomber. Car le gouvernement a réaffirmé sa volonté de reporter l’âge de départ à 64 ans, tout en accélérant l’allongement de la durée de cotisation, un point qui « n’est plus négociable », selon Élisabeth Borne. Ce qui augure d’une poursuite du bras de fer qui pourrait même se renforcer. Mardi soir, l’intersyndicale a annoncé deux nouvelles journées de mobilisation en date du 7 et du 11 février. L’avenir dira si la réforme peut se poursuivre, alors que le chemin semble parsemé d’embûches.