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Autolib’ s’arrête: les bornes aux particuliers, Renault et Peugeot en embuscade

Autolib' s'arrête pour de bon mardi sur un constat d'échec, laissant en suspens la question de l'avenir de l'autopartage de voitures électriques dans le Grand Paris.
Autolib' auto partage voiture paris
Crédit: iStock.

A 23h59 au plus tard, les voitures grises Autolib’ cesseront de faire entendre le faible bruit de leur moteur. L’arrêt brusque du service d’autopartage, décidé au mois de juin par le Syndicat Vélib’ Autolib’ Métropole (SVAM, 103 communes dont Paris, majoritaire), en conflit avec le groupe Bolloré, laisse des salariés et des usagers inquiets.

Quelque 42.000 de ces utilisateurs ont signé une pétition en ligne, lancée par un certain R. Jackman, qui estime « aberrant » de supprimer « ce service qui devrait être reconnu d’utilité publique ». L’auteur, contacté par franceinfo, nie tout lien avec Autolib’, mais la société a, selon lui, relayé la pétition à ses abonnés par mail et dans son application.

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Quant aux salariés, leur avenir dépend désormais d’un plan de sauvegarde de l’emploi, en négociation depuis fin juin entre la direction et les syndicats. L’accord devrait être signé à la mi-août, pour une entrée en application « au plus tôt » au 1er septembre, selon un délégué syndical d’Autolib, qui souhaite conserver l’anonymat et juge le projet perfectible. 

Il contient notamment la mise en place de départs anticipés, des aides à la mobilité et la recherche de reclassement, selon Samir Mohamdi, délégué syndical FO (syndicat majoritaire), pour qui le projet d’accord est, en revanche, « satisfaisant ». En attendant, le groupe Bolloré et le SVAM se renvoient la balle.

« Dans toutes les annonces de lancement de nouveaux services par la société Autolib’, je n’entends pas parler de reprise du personnel », a pointé dimanche Marie Bolloré, directrice de la mobilité du groupe. 

« C’est le groupe Bolloré qui en a la responsabilité syndicale », rétorque à l’AFP Catherine Baratti-Elbaz, maire PS du XIIe et présidente du SAVM. Celle-ci dénonce la « légèreté » de l’industriel qui a, selon elle, posé un faux « ultimatum » en exigeant le règlement de « 250 millions d’euros » pour éponger le lourd déficit. 

Les bornes pas utilisables avant 2019

Quant aux voitures elles-mêmes, seules « 500 » sur les 4.000 en service seront affectées à d’autres villes, selon Mme Bolloré, les autres étant destinée à la casse. 

Les 3.244 places de stationnement Autolib’ à Paris seront réservées aux Franciliens propriétaires d’un véhicule électrique ou utilisant un véhicule électrique en autopartage, dès l’arrêt du système, selon la mairie. Mais les bornes électriques de chargement ne fonctionneront pas, au moins dans un premier temps. La ville espère les rendre utilisables par les particuliers début 2019. 

Le vide laissé par les « Bluecar » de Bolloré aiguise les appétits. Renault, par exemple, déploiera dès septembre un service de mobilité électrique, associant VTC (voiture avec chauffeur) et voitures en autopartage, présenté par le directeur général adjoint et Anne Hidalgo. 2.000 véhicules électriques doivent être déployés d’ici fin 2019. Le service fonctionnera sans abonnement. 

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PSA promet de lancer son propre service à Paris à la fin de l’année avec dans un premier temps 500 voitures électriques. Le loueur Ada compte, de son côté, expérimenter dès cet été dans les XIe et XIIe arrondissements une offre d’une cinquantaine de véhicules électriques et thermiques, quand la société de location entre particuliers Drivy a annoncé début juillet sa volonté de déployer « 500 véhicules électriques » dans la capitale d’ici fin 2019.

L’arrivée rapide de nouvelles voitures serait salutaire pour la Mairie, qui entrevoit difficilement le bout du tunnel Vélib’, le dispositif de vélos en libre-partage dont la nouvelle formule accumule les pannes et les retards. D’autant qu’Anne Hidalgo s’est attirée les foudres de l’opposition en tenant une conférence de presse commune avec Renault: « quel mépris, quelle duplicité, quelle conception du débat et de la démocratie », ont conjointement dénoncé les groupes PPCI (pro-Macron ex-LR), Républicains et UDI-Modem du Conseil.

Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, à qui sont prêtées des vues sur la Mairie, a, lui aussi, dénoncé « un dysfonctionnement grave sur la question des mobilités à Paris ».