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40% des ménages accueillis par le Secours catholique ne peuvent s’acheter à manger

L’année 2020 est « l’année de tous les dangers » pour le Secours catholique qui publie son état de la pauvreté en France jeudi 12 novembre.

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Crédit : iStock.

Les personnes accompagnées par le Secours catholique étaient déjà d’une pauvreté extrême en 2019, et l’année 2020 pourrait être pire. L’association tire la sonnette d’alarme dans son rapport intitulé « État de la pauvreté en France 2020 », publié le 12 novembre et qui étudie le budget des ménages les plus précaires. Ainsi, l’an dernier, le niveau de vie médian de l’ensemble des foyers rencontrés était de 537 euros, soit une baisse de cinq euros par rapport à 2018. Ce chiffre est très en dessous du seuil d’extrême pauvreté estimé à 716 euros en 2019. « 23% des ménages ne percevaient même aucune ressource, c’est huit points de plus qu’en 2010 », résume l’association. Ce sont aussi le plus fréquemment des couples avec enfants, soit 28%.

Plus spécifiquement, l’association a étudié le budget de 3 000 ménages (sans prendre en compte les personnes sans ressources) : le montant médian des ressources de ces ménages s’élève à 1 037 euros en 2019. Cette étude met en relief les choix auxquels sont confrontés les plus précaires : se chauffer ou se nourrir, payer sa facture d’électricité ou acheter un habit pour la rentrée. Pour ce qui est du niveau de vie, la moyenne est de 733 euros, ce qui est en dessous du seuil de pauvreté à 60%, estimé pour 2019 à 1 074 euros. Les couples avec enfants ont les niveaux de vie les plus faibles et ce sont dans les grandes villes que la pauvreté est la plus présente.

Le « reste pour vivre » tombe à 9 euros par jour

Le budget de ces ménages est plombé par les dépenses pré-engagées : plus de la moitié de leurs ressources disponibles, soit 56%, contre 30% du revenu disponible de l’ensemble des ménages de la France métropolitaine. Ce sont essentiellement des dépenses de logement, soit 440 euros (montant médian), et des dépenses d’énergie et d’eau, soit 103 euros. Si l’on enlève ces dépenses pré-engagées du revenu disponible, le niveau de vie arbitrable tombe de manière alarmante. C’est ce qu’il reste pour se nourrir, s’habiller, se soigner… « Au prisme de cet indicateur de pauvreté par Unité de consommation (UC), 92% des ménages de notre enquête sont pauvres », précise le Secours catholique.

Enfin, de ce revenu arbitrable, l’association enlève un ensemble de dépenses « considérées comme contraintes, car inévitables et souvent incompressibles (transport, santé, pensions alimentaires, dettes en cours de remboursement) ». Elle obtient ainsi « le reste pour vivre » des ménages rencontrés. « Plus de la moitié d’entre eux disposent d’un reste pour vivre inférieur à 260€ par UC et par mois, ce qui équivaut à moins de 9€ par jour et par UC », détaille la synthèse. « Or, le Secours Catholique estime à environ 7€ par jour et par UC la dépense minimale d’alimentation des ménages les plus modestes. Plus de quatre ménages rencontrés sur dix sont même dans l’incapacité de couvrir leurs dépenses alimentaires quotidiennes, avec ce qu’il leur reste pour vivre… ou plutôt pour survivre », déplore l’association. La présidente du Secours catholique, Véronique Fayet, estime dans Le Parisien que « la France franchira la barre des dix millions de pauvres en 2020 ».

En effet, « pour beaucoup, 2020 est l’année de tous les dangers : risque sanitaire, perte de revenus, isolement dû au confinement, distanciation, peur de l’autre, chômage », analyse le Secours catholique. L’association réclame la création d’un revenu minimum garanti pour tous. Il serait accessible aux jeunes dès 18 ans (qui n’ont pas droit au RSA), équivalent à 50% du revenu médian en France, soit 893 euros par mois et par personne.