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Sécurité sociale : les assureurs s’opposent au projet de « grande Sécu »

La présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), Florence Lustman, dénonce « un système de santé à deux vitesses », si le projet d’extension du champ d’intervention de la Sécurité sociale aboutit.

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Crédit : iStock.

« Un système de santé à deux vitesses », avec des médecins pour les riches et des médecins pour les pauvres. C’est ce que craint la présidente de la Fédération française de l’assurance (FFA), Florence Lustman, dans une interview aux Echos le 18 novembre, alors que le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance maladie (HCAAM) doit se réunir ce jeudi. Il envisage de fusionner les complémentaires santé avec la Sécurité sociale, dans un projet de « grande Sécu ». Mais de nombreuses voix s’élèvent contre cette idée, notamment du côté des mutuelles. « C’est vraiment un projet perdant-perdant », affirme Florence Lustman. « Si on veut savoir quelles en seraient les conséquences, il suffit de regarder ce qui se passe en Grande-Bretagne », poursuit la présidente de la FFA. Outre-Manche, les patients aisés pouvant souscrire à une complémentaire santé ont accès à un médecin haut de gamme selon elle, avec moins d’attente, contrairement aux patients les moins aisés.

Le projet de créer une grande Sécurité sociale permettrait d’économiser 5,4 milliards d’euros selon le HCAAM. Mais pour la présidente de la FFA, « il y a toute une série de manques à gagner fiscaux et sociaux qui ont été largement sous-évalués », soit au moins 50% de sous-évaluation selon elle. « Par ailleurs, on a l’impression dans le scénario d’une ‘grande Sécu’, que la Sécurité sociale va gérer gratuitement les 19 milliards de prestations qu’elle va nous reprendre. Par quel miracle ? D’autant plus qu’elle va nous reprendre des prestations qu’elle n’a pas du tout l’habitude de gérer. Il y a des frais de gestion qui sont passés sous le tapis », affirme Florence Lustman aux Echos.

100.000 emplois menacés

De plus, ce projet menacerait l’emploi dans le secteur de l’assurance. Environ « 100.000 emplois » seraient affectés, avec « des coûts très importants en termes de reclassement, des plans sociaux, etc. », précise Florence Lustman à nos confrères, si l’offre disparaît pour les mutuelles. Autre possibilité, une autre forme d’offre de la part des complémentaires santé, mais avec de grandes inégalités pour les assurés. « On rejette tous les scénarios étudiés », annonce la présidente de la FFA, « et nous ne sommes pas les seuls autour de la table à tenir ce discours ».

Pour elle, les vraies questions qui intéressent les Français concernent « les inégalités dans l’accès aux soins et les déserts médicaux ». « La complémentaire santé devrait être en France un bien essentiel. Est-il normal que les plus vulnérables payent 13 % de taxe sur leur complémentaire santé ? », conclut Florence Lustman.