Consommation : l’inflation va se poursuivre au premier semestre 2022
Alors que les coûts de production divers alourdissent la facture des industriels et fabricants français, ces hausses se répercuteront sur le consommation des ménages.

Après avoir impacté les tarifs de l’énergie, l’inflation va-t-elle s’étendre aux produits alimentaires ? C’est en tout cas ce que redoutent les industriels du secteur. En effet, ces derniers mois, les professionnels de l’agroalimentaire sont soumis à une explosion de leurs coûts (des transports aux matières premières agricoles, en passant par le carton et l’acier). Ce contexte d’inflation accentue la tension sur les négociations annuelles avec la grande distribution qui doivent se conclure le 28 février 2022. Et les prix à la consommation en pâtissent. « En moyenne, selon les secteurs, les industriels réclament des hausses tarifaires allant de 4 à 7 % », estime le 13 janvier 2022, auprès du Parisien, le président de la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France, Dominique Amirault.
Et c’est une baguette qui a égrainé la discorde. Son prix plutôt. Mardi 11 janvier, Michel-Édouard Leclerc avait émis le souhait de bloquer temporairement le prix de la baguette blanche de ses magasins qui portent le même nom, à 29 centimes. Cette annonce a déclenché de virulentes réactions de toute part. À commencer par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), des meuniers et des boulangers. « Cette concurrence déloyale risque de mettre en danger certains de nos 33 000 artisans implantés dans les villes mais surtout dans les campagnes », dénonçait alors Dominique Anract, qui préside la Confédération nationale de la boulangerie française (CNBF). « Grande distribution versus artisans, chacun est dans son rôle », ajoute un spécialiste de la consommation qui a souhaité rester anonyme. De quoi faire craindre aux consommateurs de nouvelles hausses au premier semestre 2022.
La consommation freinée par l’inflation ?
Les négociations entre les industriels et la grande distribution s’annoncent donc relativement tendues. Pourtant, les prix sont bel et bien amenés à augmenter. « Rien que pour compenser le doublement du prix du blé dur en un an, nous avons demandé une première hausse de 7-8 % en octobre, acceptée, et nous en redemandons aujourd’hui une autre de la même ampleur, mais pour l’heure c’est niet, ce qui nous met clairement en danger de mort », alerte auprès de nos confrères un fabricant de pâtes qui a souhaité conserver l’anonymat.
Mais alors, quelles hausses ? Selon Emily Mayer, directrice business chez IRI, un institut spécialisé dans la consommation, la hausse des coûts va automatiquement induire une accélération de l’inflation. Si les prix avaient connu une déflation progressive en 2021, le mois de décembre les a vu repartir à la hausse (+ 0,09% sur un an). Elle estime ainsi qu’on devrait « voir les conséquences des négociations tarifaires sur les tarifs des produits à compter de fin mars ». Les céréales, viandes, produits laitiers ou autres œufs prendront le même chemin de l’inflation emprunté par les pâtes, les produits à base de fruits et les huiles fin 2021. Enfin, l’experte prévoit « des hausses en rayons comprises entre + 1,5 % et + 4 % au premier semestre 2022 ».