Se connecter S’abonner

Embargo russe : quel coût pour les économies européennes ?

L’idée d’un embargo russe sur le pétrole et le charbon pourrait refroidir certains États membres dépendant à la Russie en approvisionnement énergétique.

embargo
Crédit: iStock.

Après la découverte du massacre de civils à Boutcha, dans la région de Kiev, Bruxelles a réagi sur un potentiel embargo russe. L’Union européenne a pointé du doigt « les atrocités rapportées commises par les forces russes » en Ukraine et a annoncé discuter en « urgence » de nouvelles sanctions contre la Russie. Le secteur énergétique pourrait être concerné, indique BFMTV. Pour l’Allemagne, malgré sa dépendance au gaz russe « pour le moment », la ministre de la Défense, Christine Lambrecht, a déclaré dimanche que l’UE a entrouvert la possibilité d’une telle interdiction.

Certains États membres souhaiteraient étendre l’embargo russe au pétrole et au charbon, en plus du gaz. Une décision qui ne semble pas faire l’unanimité parmi les 27. En effet, la dépendance à la Russie en approvisionnement énergétique pour nombre d’entre eux s’avère un argument solide. Le Conseil d’analyse économique (CAE) a mesuré l’impact d’un embargo sur les hydrocarbures en provenance de Russie pour les économies européennes. Il en résulte qu’un tel scénario aurait « des effets en cascade le long des chaînes de valeur de production », souligne l’organisme indépendant rattaché à Matignon.

En France, peu d’impact d’un embargo

Si cette décision était prise, la France s’en sortirait plutôt bien avec une baisse du revenu national brut comprise entre 0,15 et 0,3%. Soit à peu près comme l’Italie ou l’Espagne. En revanche, pour l’Allemagne, le revenu national brut pourrait diminuer de 0,3 à 3%. Outre-Rhin, 55% du gaz et 34% du pétrole importés viennent de Russie, contre 20% et 13% pour la France. Des conséquences importantes qui peuvent en refroidir certains.

Selon l’étude, les pays européens les plus exposés à une interdiction des importations de gaz et pétrole russes seraient la Lituanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Finlande et la République tchèque (avec des baisses de revenus nationaux estimées entre 1 et 5%). Pour le CAE, l’impact d’un tel embargo reste « relativement faible ». Il amputerait le revenu national brut de 0,2 à 0,3%, soit environ 100 euros par adulte en moyenne.

En France, la mise en place d’un embargo diminuerait l’approvisionnement en gaz naturel de 15%, contre une baisse de 30% en Allemagne. En revanche, « la substitution des importations russes de pétrole et de charbon sera probablement beaucoup plus facile » grâce à la compensation d’autres pays exportateurs qui permettront de « combler la quasi-totalité du déficit ».

Une seconde hypothèse a été évaluée par le CAE : les tarifs douaniers. À hauteur de 40% sur les importations énergétiques en provenance de Russie, ils réduiraient « d’environ 80% les quantités importées contre 100% dans le cas d’un embargo ».