Emploi : en dépit de la dégradation économique, les entreprises embauchent
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, 69.500 créations nettes d’emploi ont été effectuées au premier trimestre 2022. Alors qu’imaginer pour l’avenir ?

Les indicateurs économiques vont continuer de se dégrader en France. Pourtant, le marché de l’emploi se porte plutôt bien, au regard des chiffres analysés par Manpower, mastodonte des services en ressources humaines. Dans un article du Parisien publié vendredi 10 juin 2022, on apprend en effet que la prévision nette d’emploi (différence entre la part des entreprises qui prévoient d’augmenter leurs effectifs et celles qui prévoient de les diminuer) s’élèvera à +29% entre juillet et septembre 2022. Par rapport au trimestre précédent, c’est huit points de plus. Des conclusions étonnantes car l’étude a été réalisée entre le 1er et le 29 avril, plus d’un mois après le début de l’invasion russe de l’Ukraine qui a affecté l’économie mondiale.
La progression est de + 17% sur un an. « Si les perspectives d’emploi sont si importantes plusieurs trimestres de suite ce n’est pas parce qu’il y a eu une explosion de la croissance avec une augmentation exponentielle des effectifs dans les entreprises », nuance Alain Roumilhac, président de Manpower France. « C’est surtout qu’il y a un fort turn-over. Les entreprises sont en permanence en train de recruter. », précise-t-il. À ce titre, une autre étude de Manpower explique que 79% des entreprises affirment avoir des difficultés plus ou moins grandes pour embaucher. « C’est même 82 % en Île-de-France, précise Alain Roumilhac. Alors que d’habitude la moyenne nationale oscille entre 50 % et 60 %. »
La pandémie a bouleversé le marché de l’emploi
« Depuis l’épidémie de Covid, les gens sont très regardants sur leur équilibre vie personnelle et vie professionnelle, observe le patron de Manpower France. Ils ne sont plus prêts à faire des heures de transport quotidien pour rejoindre leur lieu de travail. Ils veulent aussi une activité qui a du sens et une hiérarchie qui les respecte. Nous avons des exemples, notamment dans l’intérim, où des employés ont démissionné parce qu’ils estimaient qu’on leur avait mal parlé », énumère-t-il.
Pour ne pas faire fuir les talents, les services de ressources humaines redoublent d’imagination : « Ils ont une énorme pression, confie le patron France de Manpower. Dans certains secteurs, comme les services, sans embauche, c’est la croissance des entreprises qui est remise en cause. Si en tant qu’entreprise vous n’êtes pas capable de proposer en télétravail un poste qui peut l’être, vous vous mettez un handicap ».
Le salarié happé par des promesses d’amélioration des conditions de travail
Sur onze secteurs d’activités étudiés, les intentions d’embauche progressent dans neuf d’entre eux. Par exemple, la prévision nette d’emploi dans le secteur du numérique, communication et médias atteint + 43%. En revanche, l’hôtellerie-restauration est un secteur qui manque d’attractivité même si le troisième trimestre est faste pour les professionnels du secteur. « Les confinements ont provoqué une forte évaporation de nos salariés et beaucoup ne sont pas revenus, détaille Thierry Grégoire de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih). Résultat, pour les séduire, beaucoup d’entreprises ont dû revoir leur organisation. On constate ainsi que de plus en plus de restaurants, par exemple, ferment deux jours par semaine pour améliorer les conditions de travail de leurs salariés. »
Selon l’Institut national de la statistique et des études économiques, 69.500 créations nettes d’emploi ont été effectuées au premier trimestre 2022. Alors qu’imaginer pour l’avenir ? « Sauf grosse récession, je pense que sur les prochains mois nous allons rester sur un marché de l’emploi dynamique, estime ainsi Alain Roumilhac. Cela permettra de faire venir vers l’emploi des personnes qui en sont éloignées. Notamment celles avec un handicap. »