Se connecter S’abonner

E-santé : une majorité d’applications mal-évaluées

Pour suivre l’évolution de sa santé, de nombreuses applis d’e-santé viennent en aide aux patients. Parfois sans même qu’une étude clinique pertinente ne viennent justifier leur commercialisation.

E-santé
Stocksnap/Pixabay

Les applications d’e-santé ont le vent en poupe. Ainsi, 90.000 nouvelles applications dédiées à ce domaine sont apparues en 2020. Un nombre considérable qui peut interroger les utilisateurs sur leur bienfondé ou encore leur utilité. Pour y voir plus clair et répondre à ces questions, une étude du Journal of Medical Internet Research, relayée par l’UFC Que-choisir a établi un questionnaire comparatif de ces applications, à la suite des recommandations de la Haute autorité de santé (HAS), de la Société européenne d’oncologie et des associations de patients.

Ensuite, 68 applis (qui concernent en particulier le suivi des patients atteints d’un cancer, d’une pathologie cardiaque, ou ceux qui sont en proie à des douleurs chroniques) ont été observées à la loupe. Sans entrer dans le détail, on peut notamment citer le casque de réalité virtuelle à visée antidouleur de Bliss, ou Résilience, une application qui accompagne les patients atteints d’un cancer.

L’e-santé à l’épreuve de la pertinence

Les conclusions du rapport mettent au jour certaines problématiques. En effet, sur les applis étudiées, seules 21% ont été commercialisées à l’issue d’études randomisées, lesquelles sont perçues comme les plus à même d’assurer l’efficacité avant une mise sur le marché. Aussi, 15 % de ces outils ont observé des données de santé en vie réelle, une méthodologie d’évaluation utile mais moins fiable. Mais pour les 64% restantes, la commercialisation s’est faite sans aucune étude clinique pertinente.

Partant de ces chiffres, comment croire aux bénéfices que peuvent apporter ces applications ? « Notre étude montre qu’il y a une nette marge d’amélioration ! Les associations de patients veulent des informations transparentes sur l’utilité clinique de ces outils et elles ont bien raison. Il faut que les évaluations soient renforcées, notamment pour les développeurs qui demandent le remboursement de leur appli », souligne le Pr Denis qui a participé à l’élaboration de cette étude. Un constat similaire à celui qui avait été établi en novembre 2021 par le Conseil du numérique en santé.

L’étude nous apprend également que le taux de survie globale à long terme n’est intégré que par 5% des développeurs, alors qu’il s’agit du premier critère lorsqu’un patient est suivi pour un cancer ou une pathologie cardiaque. Les développeurs favorisent de leur côté le parcours de l’utilisateur sur l’appli (ergonomie, fréquence d’utilisation…), ainsi que les évolutions potentielles de son suivi médical. Des éléments non négligeables mais pas complètement pertinents sans justification médicale.