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Inflation : après l’huile et la moutarde, la viande de porc ?

En un an, la nourriture destinée aux animaux d’élevage a augmenté de 25%. Dans le même temps, cette inflation n’est pas absorbée par le prix de vente du porc.

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Paris//BOHACYANN_1302.6942/Credit:Yann Bohac/SIPA/1802061810

Il s’agissait jusque-là d’une viande plutôt épargnée par l’inflation. En effet, la hausse estimée à 7,3% était loin de celle qui concernait la volaille ou l’agneau, respectivement en augmentation de 14,6% et 10,5%, selon l’Insee. Pourtant, la viande de porc pourrait rapidement augmenter, avertit BFMTV. D’ailleurs, sur le marché du porc breton à Plérin, les prix s’affolent : la barre symbolique des 2 euros le kilo y a été franchie, lundi 22 août. Et c’est le résultat d’une augmentation continue depuis octobre 2021.

C’est en grande partie la flambée des coûts de production qui se répercutera sur le prix de vente de la viande de porc. En janvier 2022, il fallait débourser 1,25 euro pour en acheter un kilo sur les marchés. Un chiffre qui a bondi de 60% en huit mois. Et l’offre décroche malgré une demande toujours forte. « Le recul actuel de l’offre de porcs est un fait marquant à l’échelle mondiale, entame Pascal Le Duot, directeur du Marché du porc breton (MPB) dans La France Agricole. En France, c’est le résultat de cessations d’activité survenues il y a un an et demi environ, bien avant le déclenchement de la guerre en Ukraine et ses effets sur la flambée des coûts de production. »

Inflation sur la nourriture animale

Car les éleveurs sont acculés par la hausse de l’alimentation animale. En un an, les fourrages et autres granulés destinés à nourrir les bêtes ont en effet augmenté de 25%. Et malgré ces hausses, les prix de vente dans la grande distribution ne décollent pas. Plus précisément, le coût de production actuel d’un kilo de porc est en moyenne de deux euros le kilo ; soit le même prix de vente affiché sur les étals des supermarchés. « Les éleveurs perdent jusqu’à 40 euros par porc », analyse Carole Joliff, secrétaire générale de la Fédération nationale porcine (FNP) dans L’Action agricole Picardie.

Alors comment faire ? Face à cette situation, nombreux sont les éleveurs qui ferment boutique. « Les 10.000 élevages de porcs que compte la France sont dans une situation dramatique, s’inquiète l’interprofession Inaporc. 10 % d’entre eux se dirigent aujourd’hui vers une cessation d’activité dans les prochains mois et cette proportion pourrait grimper à 30% selon certaines estimations. » Ce qui pourrait pousser la France à importer davantage de viande de porc, alors qu’elle produit historiquement une écrasante majorité de ce qu’elle consomme.

Malgré les aides mises en place par le ministère de l’Agriculture début 2022, force est de constater que les pertes de la filière (estimées à 440 millions d’euros sur un an par l’Inaporc) n’ont pu être épongées. Pour sortir la tête de l’eau, les éleveurs comptent sur un nouveau geste de la grande distribution.