Inflation : vers un chèque-transport pour les usagers modestes ?
Pour juguler l’inflation qui gagne du terrain, les usagers des transports les plus modestes devraient recevoir une aide de 50 euros par mois.

Nouveau coup de pouce pour préserver le pouvoir d’achat des Français. D’après le Parisien, un nouveau chèque pourrait faire son apparition début 2023, intégré au projet de loi de finances de la même année : le chèque-transport. Cette aide financière serait destinée à soulager ceux qui empruntent les transports en commun au quotidien (Transiliens, TER…). Concernant son attribution, plusieurs scénarios sont à l’étude. En tête, un versement direct du chèque aux abonnés des transports publics. « Avec un chèque, le bénéficiaire sait tout de suite à qui il le doit, déclare une source proche du dossier. Et puis, si on verse l’argent aux collectivités pour qu’elles le redistribuent, il y a toujours un risque de déperdition. »
Juguler l’inflation pour les plus modestes
Grâce au dispositif du chèque, le gouvernement entend reprendre la main sur le « quoi qu’il en coûte », en ne l’accordant qu’aux foyers les plus modestes, et probablement à certaines classes moyennes. Reste à chiffrer le nombre de bénéficiaires. « Tout dépendra si on s’arrête à la classe moyenne inférieure ou supérieure, tous les arbitrages ne sont pas encore complètement rendus », promet cette même source. Le montant de l’aide, lui, devrait avoisiner les 50 euros. « Cela peut paraître peu, poursuit ce même contact. Mais il s’agit de compenser le surcoût lié à l’inflation, pas plus. »
Grâce à ce chèque, la majorité entend également noyer les propositions encourageant la baisse de 4,5% de la TVA dans les transports (actuellement de 10%). « On s’attend à ce que l’opposition dépose des amendements dans ce sens lors des débats du PLF, anticipe un député Renaissance. Cela reviendrait à arroser tous les usagers alors qu’il faut cibler les aides. » Du côté du ministère des Transports, on est (très) peu prolixe sur le sujet. Tout ce que l’on sait, c’est que les voyageurs des TGV ne seront pas concernés. « On cible les usagers du quotidien, abonde une autre source. Dans les TGV, il y a surtout des touristes et des voyageurs business. »
Le coup de pouce sera bienvenu, à l’heure d’une possible hausse des billets. La semaine dernière, devant le Sénat, le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, évoquait pour la compagnie un surcoût de 1,6 à 1,7 milliard d’euros, en raison de la flambée des prix de l’électricité. Soit la moitié concernant des trains du quotidien (TER et Transiliens). « Ça fait plusieurs dizaines de millions par an pour chacune des régions », a-t-il jugé. « Dans nos pires scénarios, nous avions prévu entre 400 et 500 millions d’euros de surcoûts liés aux prix de l’énergie, explique de son côté Jules Nyssen. » Et le délégué général de Régions de France de poursuivre : « Quand Jean-Pierre Farandou nous a annoncé le double, nous sommes tombés de notre chaise. Mais à date, il n’est pas question de répercuter cette nette augmentation des charges sur le consommateur, en gonflant les prix des billets ou des abonnements. »
Un bouclier inflation pour les régions ?
Mais les régions comptent surtout pour l’Etat afin de se voir ériger un « bouclier inflation » qui leur serait profitable. « Les régions financent déjà 75 % des billets TER et les prix des péages ferroviaires continuent de grimper. Cela commence à faire beaucoup », s’agace le sénateur LR des Alpes-Maritimes, Philippe Tabarot. Mais l’exécutif s’oriente davantage vers un chèque versé directement aux usagers.
Car « si l’État consacre des milliards d’euros aux énergies fossiles, pour baisser les prix du carburant, personne ne comprendrait qu’il n’y ait aucune aide à destination des usagers des transports propres. Les trains du quotidien sont présentés comme une priorité par le gouvernement, nous attendons des gestes concrets », observe, auprès du média, le président de la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), Bruno Gazeau. Quelques députés de la majorité sont du même avis.
À l’occasion du projet de loi de finances rectificatives, un premier geste avait été esquissé cet été. Philippe Tabarot avait ainsi porté un amendement ouvrant les discussions autour d’une meilleure répartition de la prise en charge des abonnements. Désormais, les employeurs pourront rembourser jusqu’à 75% de l’abonnement de leurs salariés, contre 50% précédemment. Ils obtiendraient ainsi une exonération de charges. « Aux entreprises désormais de s’en saisir », encourage le sénateur.