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Dératisation : le retour des rongeurs fait bondir les opérations

Selon les professionnels, la dératisation reste nécessaire pour réguler les populations. En deux ans, un couple de rats peut générer 45.000 individus.

Paris
Un rat renifle les restes d’une assiette placée sur le rebord de l’évier /GettyImages

La crise Covid et ses confinements ont laissé des traces. Plus précisément des rats, au regard des derniers chiffres annuels relayés par la Chambre syndicale de dératisation, désinfection, désinsectisation, qui rassemble 80 % des professionnels travaillant en France. En 2022, le nombre de dératisations a en effet augmenté de 35 % par rapport à l’année précédente, rapporte RTL qui a rencontré quelques professionnels, à l’image de Cyril.

Il a été appelé par le propriétaire d’un foyer d’accueil qui, à plusieurs reprises, a aperçu des rats aux alentours du bâtiment. « On recherche des traces de déjections le long des murs, d’éventuels trous dans les cloisons, mais je n’ai pas l’impression que les rats ont réussi à entrer dans le bâtiment », détaille le spécialiste. Rapidement, en regardant à l’extérieur, il identifie le problème : juste derrière le bâtiment, des petits monticules de déchets sont disposés à ciel ouvert. « On voit des paquets de gâteaux, des canettes… Les rats viennent manger ici, en plus, ils profitent des hautes herbes pour se cacher. » Le dératiseur place donc du Difenacoum, un poison mortel pour les rongeurs, dans de grosses boîtes noires.

La dératisation « nécessaire pour réguler les populations »

Avec la hausse de la demande, le professionnel réalise deux à trois opérations par jour. Et la période pandémique ainsi que les confinements pourraient avoir contribué à l’augmentation du nombre de dératisations. Les parcs étant délaissés, pour trouver de la nourriture, les rats se sont rapprochés des centres-villes et des habitations. « Tout ce qu’ils veulent c’est se nourrir », explique Cyril. « L’intervention humaine reste nécessaire pour réguler les populations », complète-t-il, rappelant la rapidité à laquelle les rats se reproduisent. A raison de 45 petits par an pour un couple de rats, en deux ans, deux rats peuvent générer 45.000 individus, d’après les spécialistes.

Pour l’Homme, le risque est surtout celui d’entrer en contact avec les germes transportés par le rongeur qui vit dans les égouts. « Ce n’est pas tellement la morsure dont il faut avoir peur », souligne la vétérinaire Jeanne Brugère-Picoux, également membre de l’Académie nationale de médecine. « La leptospirose (une grosse grippe mortelle dans 5% des cas selon l’institut Pasteur), c’est simplement l’urine de rat qui est contaminante. Rien que la peau peut être contaminée très rapidement », précise la médecin.

Un projet du gouvernement visant à davantage encadrer la vente de pièges à rats pour les particuliers inquiète l’union des entreprises pour la protection des espaces publics. Elle craint une expansion des rongeurs à proximité des villes.