Pouvoir d’achat : les fractures territoriales relativisées par deux études
Selon deux études portant sur le pouvoir d’achat, l’aisance financière des ménages « dépend moins de leur localisation que de leurs ressources ».

Le lieu de vie influence-t-il le pouvoir d’achat des ménages français ? Telle est la question sur laquelle France Stratégie s’est penchée dans deux études publiées jeudi 16 février 2023. Et la réponse est très nuancée. Basées sur les dernières données disponibles de l’Insee, datées de 2017, les études pointent des dépenses d’alimentation assez homogènes sur le territoire. Celles de transport et de logement varient davantage d’une région à l’autre, avec par exemple des frais immobiliers nettement plus élevés en région parisienne que dans les sept autres territoires retenus pour l’étude.
Mais c’est aussi en région parisienne que le budget disponible après s’être acquitté des dépenses contraintes est le plus élevé (1.165 euros par mois par « unité de consommation », c’est-à-dire pour un célibataire ou pour le premier adulte comptabilisé au sein du ménage), du fait de revenus plus importants.
Plus gros pouvoir d’achat en valeur absolue pour les ménages parisiens
Dans les sept autres régions, le budget qui reste aux ménages après dépenses contraintes s’échelonne de 808 euros (nord de la France) à 938 euros (est). « En moyenne », l’étude ne pointe « pas de différence majeure entre les territoires », à l’exception de l’agglomération parisienne, relève Alain Trannoy, l’un des auteurs.
Plus généralement, France Stratégie note que l’aisance financière des ménages « dépend moins de leur localisation que de leurs ressources » financières et de leur statut de propriétaire ou locataire. « La crise des ‘gilets jaunes’ a commencé sur la hausse de la taxe carbone, on s’est dit que le budget transport devait peser beaucoup plus lourd » pour les ménages éloignés des centres-villes « mais le budget logement », moins élevé loin des villes, « compense » en réalité « cet alourdissement du budget transport », décrypte M. Trannoy.
De la même façon, les ménages parisiens ont certes le plus gros pouvoir d’achat en valeur absolue, mais ils font des sacrifices considérables sur la surface de leur logement. Malgré les conclusions nuancées des études, Alain Trannoy relève des « différences d’opportunités » salariales et professionnelles d’un territoire à l’autre.
« Les activités industrielles étaient très largement présentes dans les territoires ruraux, elles ont beaucoup décliné et l’emploi s’est beaucoup développé dans les grandes métropoles », ajoute-t-il. Une évolution susceptible de « nourrir une insatisfaction en terme de niveau de vie et d’aisance financière » chez les habitants des territoires ruraux. Le retour en force de l’inflation en 2022, à des niveaux inédits depuis les années 1980, pourrait cependant bouleverser les conclusions de France Stratégie, qui prévoit de publier dans les prochains jours une note actualisée.