Entretiens d’embauche : pour être recruté, encore faut-il postuler

C’est peut-être une variante de ce que certains contemporains appellent le « syndrome de l’imposteur ». Le sociologue Jean Pralong, titulaire de la chaire « Compétences, employabilité et décision RH » à l’EM Normandie a mené un travail de recherche sur l’auto-élimination des candidats à l’emploi.
Plus précisément, c’est aux personnes à la recherche d’un travail qui, face à une annonce correspondant à leurs compétences, vont pourtant se résigner à ne pas y postuler, estimant que leur chance que cela aboutisse positivement est trop mince, qu’il s’est intéressé. Pour ce faire, il a confronté 165 comptables en recherche d’emploi à une série d’annonces, toutes aussi attractives les unes que les autres, explique Franceinfo qui a consulté l’étude.
Des entretiens d’embauche qui peuvent être source d’émotions
Verdict : c’est moins de la moitié des candidats (46 %) qui ont postulé. La probabilité d’être sélectionné est trop faible pour 80 % des candidats qui ont renoncé. Deux candidats sur trois, parmi ceux qui se décident à envoyer leur candidature, estiment qu’ils ont de bonnes chances de réussite. Parmi les trois groupes de candidats formés pour l’étude, ceux qui ont eu des carrières hachées, avec peu de formations et d’augmentations salariales, se sont davantage autocensurés. En revanche, ceux dont la carrière a été linéaire, eux, répondent aux annonces sans se poser de question.
C’est en partie par peur de l’échec, et des émotions que cela peut provoquer en eux que certains ne postulent pas. Mais le manque de clarté des processus de recrutement favorise également l’auto-élimination, selon l’étude. « Qui a envie de participer à un jeu dont il ne connaît pas les gains, les compétiteurs, et l’arbitre ? » questionne alors son auteur, Jean Pralong. Il encourage les entreprises à moins parler de leur structure sur leurs annonces, au profit de questions plus concrètes du type « Qui est en charge du recrutement ? » ou « Quand va-t-on répondre ? ».