Les prix de l’énergie au cœur des préoccupations européennes
L’explosion des prix de l’énergie, électricité et gaz en tête, a poussé la Commission européenne à encourager les Etats-membres à prendre des mesures urgentes pour alléger les factures des particuliers.

Les prix du gaz ont enregistré une hausse de 8,7% en septembre en France. Ceux de l’électricité ne cessent d’augmenter aussi, + de 50% ces dix dernières années. Et c’est partout pareil en Europe, à tel point que la Commission européenne s’est emparée du sujet. Selon Les Echos le 24 septembre, Kadri Simson, commissaire en charge du secteur de l’énergie, rédige une communication qui sera publiée début octobre. Mais déjà, à l’issue d’une réunion avec les ministres européens de l’Energie et des Transports en Slovénie mercredi dernier, la commissaire a évoqué des réductions de TVA, des versements directs aux plus pauvres (comme en France avec le chèque énergie exceptionnel de 100 euros), ou encore des aides ciblées et temporaires pour les ménages et les petites entreprises.
Cette hausse des prix est due à la météo du printemps 2021, avec des températures très basses, ce qui a engendré une baisse des stocks de gaz. L’électricité éolienne a été faible et la Russie a connu des pannes, précisent nos confrères. Certains eurodéputés soupçonnent le géant Gazprom de manipulations de l’approvisionnement. Par ailleurs, les prix du carbone ont augmenté de manière anticipée, alors que la réforme du système d’échange de quotas d’émissions n’a pas été encore adoptée dans l’Union européenne.
Consultation des citoyens
L’association Consommation, logement et cadre de vie (CLCV) a réagi à ces annonces dans un communiqué ce vendredi, réitérant sa proposition de baisser la TVA au mois de janvier 2022 en France. Elle avait déjà interpellé l’exécutif à ce sujet lors de la crise des Gilets jaunes en 2018. L’association de défense des consommateurs demande aussi une consultation des citoyens sur la libéralisation du secteur de l’électricité, engagée au milieu des années 1990. Ainsi, elle souhaite leur demander s’ils préfèrent la concurrence ou le monopole.
De leur côté, les industriels français regrettent une réaction « à court terme » de la part de la Commission européenne, « alors que l’on fait face au quatrième choc énergétique », a déclaré l’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden) au quotidien économique.« Il est impératif de reconnecter la formation des prix à la réalité de l’origine de l’électricité dans le mix énergétique des pays, surtout si l’on veut promouvoir une énergie décarbonée », a encore précisé l’Uniden, faisant référence aux prix moins élevés de l’électricité en Pologne, produite à base de gaz. Son tarif était de 80 euros le mégawattheure jeudi 23 septembre, contre 110 euros en France, énergie décarbonée grâce au nucléaire. De plus, la réduction de la TVA ne concerne que les particuliers. Les industriels en bénéficient déjà, selon le Cleee, association de grands acheteurs d’énergie. « Bruxelles exclut la plupart des industries grandes consommatrices d’électricité en déclarant vouloir limiter les aides temporaires aux petites entreprises », précise le dirigeant de l’association, Frank Roubanovitch.
30 millions d’Européens mal chauffés
Trois millions de travailleurs pauvres européens pourraient ne plus régler leurs factures de chauffage à l’automne et cet hiver selon une étude publiée mercredi 22 septembre par la Confédération européenne des syndicats. De plus, un rapport de l’Institut Jacques Delors, publié début 2021, parle de 30 millions d’Européens qui ne pourront chauffer correctement leur logement. La Bulgarie, la Lituanie et la Grèce seraient les pays les plus touchés par la pauvreté énergétique, soulignent nos confrères. Ainsi, Bruxelles voudrait éviter un scénario à la française, avec la crise des Gilets Jaunes, et d’être accusée de cette hausse des prix de l’énergie à cause de son grand pacte vert de réduction des émissions de gaz à effet de serre, lancé en 2019.