Précarité énergétique : la Fondation Abbé Pierre réclame l’instauration d’un service minimum de l’électricité
Alors que les hausses de coûts de l’énergie pourraient perdurer jusqu’à la fin de l’année 2022, la Fondation Abbé Pierre a demandé la mise en place d’un service minimum de l’électricité, en lieu et place des coupures, en cas d’impayés.

Quelque 5,6 millions de ménages sont en situation de précarité énergétique et la hausse des prix du gaz et de l’électricité semble inarrêtable depuis quelques mois. Selon Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, cette dynamique pourrait se poursuivre jusqu’à la fin de 2022. Sans attendre davantage, la Fondation Abbé Pierre (FAP) souhaite l’instauration d’un service minimum de l’électricité garanti par la loi, indique Le Parisien.
S’adressant directement au gouvernement, la FAP milite en faveur d’un dispositif législatif. « Sur le modèle de ce qui existe pour l’eau depuis 2013, l’électricité doit devenir un bien de première nécessité. Il faut abolir les coupures tout au long de l’année et pas seulement pendant la trêve hivernale », détaille au quotidien Christophe Robert, le délégué général de la fondation. Pour lui, « les coupures ne sont pas dignes d’un pays moderne comme la France ». Mettant l’accent sur la dignité, il estime qu’« avant on prêchait dans le désert sur le sujet, mais la sensibilité de l’opinion a évolué. Il faut désormais inscrire ce droit dans la loi ».
« De quoi faire chauffer un repas, allumer la lumière pour faire les devoirs »
La FAP verrait d’un bon œil qu’une puissance minimale de 1000 watts soit délivrée aux ménages en difficulté, plutôt qu’une coupure. « De quoi faire chauffer un repas, allumer la lumière pour faire les devoirs et maintenir en route un frigo, mais pas faire fonctionner un chauffe-eau ou une machine à laver », liste Christophe Robert. Quant à l’argent dû, il le resterait. Selon lui, le « compteur Linky, qui équipe 80% des foyers », permet « de limiter la puissance du compteur à distance », détaille Lancelot d’Hauthuille, cofondateur de Plüm. L’entreprise agréée d’utilité sociale fournit de l’électricité verte. Depuis un an, elle expérimente un service proche de celui qu’espère la FAP, indique le quotidien.
Parlant de l’urgence à agir, la FAP rappelle qu’un Français sur cinq dit avoir souffert du froid l’hiver dernier. De son côté, le baromètre du Médiateur de l’énergie confirme une précarité énergétique grandissante. En 2019, il a ainsi enregistré 280.000 coupures d’électricité. Un chiffre en augmentation de 17%. « La flambée des prix du gaz et de l’électricité va précipiter des milliers de foyers dans des situations difficiles », craint Christophe Robert. S’appuyant sur son expérimentation, Plüm chiffre à 50 millions d’euros par an pour l’Etat le coût de l’adoption d’un service minimal.