Les applis qui vous aident à mettre de l’argent de côté
Avec la hausse des prix qui met à mal le porte-monnaie, vous pensez ne pas avoir la capacité d’épargner ? Détrompez-vous. Vous pouvez mettre à profit vos dépenses pour vous constituer un bas de laine et ce, de façon simple et indolore. Explications.

Mettre de l’argent de côté devient mission impossible pour de nombreux Français compte tenu de l’inflation. Pourtant, qu’il s’agisse de pouvoir faire face à une dépense imprévue, de préparer ses futures vacances ou de provisionner l’achat d’une voiture, l’épargne est indispensable. Bonne nouvelle, des solutions existent pour se constituer une cagnotte sans y penser grâce à des applis telles que Birdycent, Ismo, Moka… Leur point fort : dégager des marges financières là où vous ne les attendiez pas forcément. Rien de magique à cela : l’argent sort bien au final de votre poche !
Comment ça marche ? Grâce à ces outils, à chaque fois que vous réglez avec votre carte bancaire, vous épargnez quelques centimes d’euros. C’est le bon vieux principe des « petits ruisseaux qui font les grandes rivières ». La technique utilisée est celle des arrondis. Vous l’avez probablement déjà testée à la caisse de votre supermarché, lorsqu’au moment de payer un message vous demande si vous souhaitez arrondir le montant de vos achats à l’euro supérieur au profit d’une association présélectionnée. Les applis d’épargne fonctionnent de façon identique, à la différence que vous arrondissez vos dépenses à votre propre profit ! Toutes sont gratuites, même si des versions premium, facturées quelques euros par mois, sont aussi disponibles.
En pratique, vous devez vous inscrire et rentrer les informations concernant votre compte bancaire afin que l’appli s’y « plugge ». « Trois minutes suffisent. Ensuite, le client choisit comment il souhaite arrondir ses paiements, et il peut également mettre en place des virements ponctuels ou réguliers », explique Philip Barrar, le fondateur de l’appli canadienne Moka. Le plus souvent, on vous proposera d’arrondir à l’euro supérieur : par exemple, un café payé 1,20 euro génère 80 centimes d’arrondi. Mais vous pouvez décider de doubler, tripler ou plus ce montant. Ce dernier ne sera pas immédiatement débité de votre compte. L’appli l’ajoutera aux autres arrondis que vous accumulerez progressivement à chaque paiement jusqu’à un certain plafond qui déclenchera alors le prélèvement.
Chez Moka, l’épargne issue des arrondis est prélevée une fois par semaine. « En moyenne, nos utilisateurs français mettent de côté 26 euros par semaine », précise Philip Barrar. Chez Yeeld, le compte est débité dès lors que les arrondis atteignent 5 euros. « Ce plafond est plus ou moins rapidement atteint selon les clients, puisque tout dépend du montant de leurs dépenses par carte », indique Nagib Beydoun, le cofondateur. Evidemment, cela va beaucoup plus vite s’ils choisissent de booster leurs arrondis en les multipliant par 2,3, 5, voire 10. » Même fonctionnement chez Ismo, qui lance le prélèvement des arrondis le lundi s’ils sont supérieurs à 5 euros. Attention, prévient Maxime Chipoy, le président de MoneyVox, « mieux vaut suivre son compte de près si on est juste à la fin du mois. Il serait dommage de se retrouver à découvert de quelques euros parce qu’on a épargné 5 euros la semaine précédente ». Des garde-fous sont cependant mis en place chez tous les acteurs. « Nous ne réalisons pas le prélèvement si les arrondis font basculer le compte dans le rouge », rassure Nagib Beydoun chez Yeeld. Chez Ismo, l’utilisateur est prévenu le lundi que son compte sera prélevé le mercredi. « Il peut donc décider de supprimer le prélèvement », souligne Philippe de Gouville, le cofondateur de l’appli, dont les clients mettent en moyenne de côté 7 euros par semaine avec les arrondis. Chez Yeeld, les montants épargnés s’élèvent en moyenne à 1 560 euros annuels, comme le révèle Nagib Beydoun : un tiers de cette somme provient des arrondis, le reste des virements complémentaires effectués par les utilisateurs.
Une fois votre bas de laine constitué, reste à l’investir. Là encore, la méthode varie d’une enseigne à l’autre. Chez Ismo et Moka, le client choisit le fonds dans lequel il souhaite investir en fonction de son profil de risque. Son épargne y est ensuite automatiquement versée. « Les deux tiers de nos utilisateurs choisissent le fonds le plus dynamique, composé d’actions à 73 % », avance Philippe de Gouville, qui réfléchit au lancement d’un nouveau profil 100 % Bourse. « Nos clients sont prêts à prendre du risque car ils investissent de petites sommes. Ils testent leur réaction face aux cycles des marchés », poursuit-il.
De son côté, Yeeld n’investit pas directement l’argent épargné mais propose d’ouvrir un contrat d’assurance vie en ligne chez Mon Petit Placement, une fintech qui fournit du conseil sur mesure et sélectionne des placements selon le profil du souscripteur. « Nous lancerons une offre d’investissement dans les cryptomonnaies d’ici à la fin de l’année via un partenaire, et nous avons ouvert notre capital à nos utilisateurs cet automne », ajoute Nagib Beydoun. Quant à Plum, la possibilité d’investir est toute récente. « Nous donnons accès aux marchés boursiers, et l’offre sera progressivement enrichie notamment sur les cryptomonnaies », détaille Elise Nunn, chef de produit de l’appli britannique présente en France depuis début 2021.
Sur le fond, toutes ces solutions n’inventent rien de nouveau. Le principe de l’épargne automatique, donc indolore, n’est pas nouveau. Les banques de réseaux ont créé depuis des décennies des plans d’investissements programmés destinés à alimenter toute la gamme de leurs placements : livret A, PEL, Sicav, assurance vie… La vraie valeur ajoutée des nouveaux entrants est de capter ce principe en y appliquant la technique de l’arrondi, jusqu’ici inexploitée. Tout en lui adjoignant un côté ludique. Visant particulièrement les jeunes (80 % des utilisateurs ont entre 18 et 35 ans), Yeeld propose, par exemple, la règle « Pile ou face ». Les clients peuvent parier de 3 à 20 euros sur le résultat d’une compétition sportive ou d’un jeu télévisé (qui sera le prochain gagnant de Top Chef ou de Koh-Lanta ?). Si l’utilisateur se trompe, il perd son pari, et la somme misée est prélevée de son compte bancaire au profit de son épargne Yeeld. Même fonctionnement chez Plum avec l’option « Jours pluvieux ». L’appli vérifie la météo du lieu où se trouve l’utilisateur et met de côté la somme choisie en cas de pluie ! A ce petit jeu-là, les clients britanniques doivent probablement plus épargner que les utilisateurs du Sud de la France… « Ces fonctionnalités sont une bonne porte d’entrée vers l’épargne pour des personnes qui ne se constituent pas spontanément un bas de laine. Il n’est pas nécessaire d’être ennuyeux pour inciter à mettre de l’argent de côté », s’amuse Maxime Chipoy de MoneyVox.
Preuve en tout cas de l’intérêt de ces outils, certaines banques ont commencé à se convertir aux arrondis d’épargne. C’est le cas de Ma French Bank, de N26 et d’Orange Bank. Ma French Bank, par exemple, permet d’isoler sur une « tirelire » les arrondis pour les paiements supérieurs à 15 euros. La cagnotte peut ensuite être transférée vers le compte courant du client pour être dépensée ou épargnée.