Loi alimentation: l’UFC-Que choisir dénonce une flambée des prix
L'association de consommateurs s'inquiète d'une inflation importante des produits alimentaires et dénonce le chèque en blanc de 1,6 milliard d'euros distribué à la grande distribution.

Le budget alimentation des ménages va augmenter de 1,6 milliard d’euros en deux ans, selon les calculs de l’UFC-Que choisir. Pour l’association de consommateurs associée à la Confédération paysanne, cette flambée des prix est le résultat direct de la loi Alimentation et de sa mesure phare, le relèvement du seuil de revente à perte (SRP). En guise de protestation, l’UFC-Que choisir adresse donc un « chèque en blanc de 1,6 milliard d’euros prélevés sur les consommateurs au profit de la seule grande distribution ».
Le relèvement du seuil à perte fait augmenter les prix
En novembre 2018, la loi Alimentation impose à la grande distribution de réaliser une marge minimale de 10% sur les produits alimentaires. L’idée est alors de mieux rémunérer les agriculteurs, comme l’avait promis Emmanuel Macron lors de son discours à Rungis. Mais la mesure ne prévoit aucune obligation pour les intermédiaires de reverser ces marges à leurs producteurs.
Prévu pour une durée de deux ans, le relèvement du SRP a pour effet d’augmenter l’inflation. Entre janvier et février 2019, les prix ont augmenté de 0,83%, selon les chiffres de l’institut Nielsen qui a analysé les rayons des grandes enseignes françaises. Étalé sur deux ans, le relèvement du SRP fera donc gonfler le budget alimentation des ménages de 1,6 milliard d’euros.
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Certains aliments de grande consommation flambent particulièrement comme l’eau minérale gazeuse (+4,5%), la pâte à tartiner (+5,1%), les raviolis au boeuf (+5,5%), le café soluble (6,2%). À la première place des produits les plus touchés par l’inflation, la bouteille d’un litre de pastis, avec une augmentation de 7,3%. La légère baisse des marques de distributeur (-0,2%) ne compense pas l’inflation sur les grandes marques nationales (+1,14%) et les premiers prix (+0,76%). La hausse des prix touche particulièrement les hypermarchés avec 1,04% contre les supermarchés avec 0,46%.
Les prix augmentent, les rémunérations agricoles en berne
Avec ce chèque en blanc, l’UFC-Que choisir et la Confédération paysanne dénoncent une flambée des prix qui revient directement dans la poche de la grande distribution, sans meilleure rémunération des agriculteurs.
L’étude donne ainsi l’exemple de trois produits : la viande bovine, les filets de poulet et le lait. Dans les trois cas, les prix ont augmenté pour les consommateurs, les intermédiaires ont gonflé leurs marges et le prix agricole n’augmente que très peu. Ainsi, pour le poulet, la marge des distributeurs augmente de 25 centimes d’euros depuis 2017, le consommateur paie 36 centimes de plus tandis que la part revenant à l’éleveur n’augmente que de 9 centimes.